Objet

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Samedi 25 novembre 2023. La Couleur des jours, numéro 49, vient de sortir. Le choix de ces deux posts met en évidence une distance dans le temps : 60 ans. Et dans l’espace : Stockholm, Suède, Ogaki, Japon. Portées par des objets ayant une couleur unique.

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Dimanche 19 novembre 2023, 15h, Musée d’Art céramique de Hyogo, Tamba Sasayama, préfecture de Hyogo. Des collections de ce musée récent, attaché à un site de poterie très ancien, une bouteille pour le saké estampillée Ichikono, à la glaçure kurikawa, à base de fer, de la fin de la période Edo, 19e siècle. Dans le style « forme de bougie japonaise » c’est-à-dire avec un court col vertical sur un corps cylindrique, avec une paroi mince, d’un brun brillant nommé « châtaigne », cette bouteille a été très connue, à la fin du 18e et au 19e siècle, dans la région de Kyoto et Osaka. Ce brun a pris la suite de l’engobe rouge akadobe du milieu du 17e siècle qui a fait la notoriété de la poterie de Tamba. Créée vers la fin de l’ère Heian, seconde moitié du 12e siècle, la céramique de Tamba a connu, avec l’apparition du four grimpant vers 1620, une modernité qui est encore manifeste.

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Samedi 18 novembre 2023, 17h, angle des rues Shichijo et Nishino-toin , Kyoto. La nuit tombe, la recherche de câbles avec crochet réglable pour cimaises n’a rien donné — on est marqué par la reprise des Immatériaux où tout était suspendu. Et voilà qu’un câble énorme impose sa présence, échantillon symbolique de la société Ohmiya à son siège social. L’image saisie rapporte non seulement l’apparence de la vitrine mais, par ce qu’il est convenu de nommer ses métadonnées, une position dans le temps et l’espace, sur des cartes elles-mêmes chargées d’informations. Les hyperliens attachent l’objet à une histoire d’entreprise : « fondée à l’époque d’Edo, il y a plus de 200 ans, nous filions du fil de chanvre et fabriquions et vendions des cordes. Cependant, au cours des nombreux changements sociaux et des révolutions industrielles, nous avons toujours suivi la demande. » Après les cordes et cordages, les câbles métalliques, les crochets et les treuils sont intervenus dans la construction, les forêts. Avec des particularités comme les équipements de théâtres ou les clôtures pour protéger les cultures des dommages causés par les animaux. Lien : https://www.ohmirope.co.jp/

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Vendredi 17 novembre 2023, 16h30, Hiraku Building, rue Nagase, Tajimi, Gifu, Japon. Deux soba choko manifestement actuels sont choisis. On est questionné assez souvent sur le pourquoi du titre « (digital) Soba Choko » de l’exposition à La Borne puis à Chaumont. Tout d’abord, digital est entre parenthèses, pour dire que c’est une option, un facteur d’interrogation. Il y a eu le projet de décoration par le jeu d’un pinceau robotisé. D’autres raisons se sont découvertes et concrétisées, comme le calcul et le savoir-faire qui ont accompagné historiquement la poterie : le digital des doigts qui comptent, du toucher et du travail à la main ; le digital des collections, des bases de données, de l’identification et des échanges sur le web. Ici, dans cette scène, on trouve plusieurs dimensions. Le décor, réalisé avec un procédé de réserve et d’impression, est de l’ordre de la mosaïque, du pixel. Au moment de payer, en numérique, je demande à la personne de m’indiquer la provenance. On voit ses doigts sur sa tablette pour trouver un lien. Ma recherche Google et Instagram va permettre de trouver que la céramiste est Yukari Nakagawa 中川夕花里. Née en 1995 dans la région d’Osaka, diplômée en céramique à l’Université Seika de Kyoto, elle a choisi l’atelier collectif « Tsukasa Electric Furnace Research Institute », dans cette même ville de Tajimi.

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Vendredi 17 novembre, 9h30, gare d’Ogaki, Gifu, Japon. Le caractère rose de l’étui se fait remarquer. Une recherche par l’intelligence Google nous apprend que cet étui est pour un violon Fiumebianca, qu’il est fabriqué en Chine, qu’on l’obtient pour 33 400 yens (un peu plus de 200 euros). La personne aussi est intéressante. L’homme, d’un certain âge, doit pour nous son aspect enfantin à ses poupées pendeloques. Le Japon ne serait pas ce qu’il est sans de tels sagemonos.

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Mardi 14 novembre 2023, 14h, Musée des arts appliqués et du design, Kyoto. Sont exposés 74 types d’arts appliqués présents à Kyoto. Dont la Poupée de Kyoto [京人形 Kyo ningyo], montrée dans son processus de fabrication. Une telle présence, une telle perfection, une telle virtuosité, attachées à une longue histoire, pourraient renverser mon indifférence à l’égard d’un objet jugé traditionaliste, à la fois précieux et convenu.

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Jeudi 9 novembre 2023, 11h, Kyoto, Sanjo dori est. La barrière métallique pliante retient l’attention du passant. Elle est un cas des plus parlants de notre définition du motif, universel, des plus anciens, que l’on nomme treillis, pour son caractère génératif, constructiviste, mécanique, 格子文, kashimon, en japonais. Le chapiteau de rideaux rouge et blanc est reconnu aussi. On le trouve, très spécifique au Japon, dans les événements publics, les fêtes, les célébrations. La particularité de ce rideau est qu’un bandeau rouge suspend les barres rouges. Ce motif est donc également une manière de frontière, de barrière, de clôture. Son nom en japonais est 紅白幕, kōhakumaku, qui se traduit simplement « rideau rouge et blanc ». Un troisième mot nous vient : ma, avec son kanji, sinogramme, 間, où l’on voit une porte s’ouvrant sur un soleil. En France, en Occident, le concept de ma a connu, à la fin des années 1970, sous l’effet notamment de Roland Barthes, une surinterprétation qui l’a rangé dans les traditions inventées. Car Ma a désigné avant tout, techniquement, en architecture, un intervalle entre deux poteaux de bois dans une charpente. Il est vrai que, métaphoriquement, il parle d’un intervalle entre deux choses, entre deux moments, deux notes, deux gestes. Mais c’est bien un espace dense et non un vide. Pour cela, les deux objets doivent être distincts, séparés et c’est là qu’intervient efficacement le terme kekkai, 結界, barrière, qui combine lier et distinguer, avec la connotation de relier les mondes de part et d’autre. C’est ainsi que Philippe Bonnin analyse longuement ce mot, pour une « esthétique japonaise de la limite », dans sa préface à la traduction de l’ouvrage de 1966, Keikkai no bi, Ito Teiji, La Beauté du seuil, CNRS Éditions, Paris, 2021, et dans Vocabulaire de la spécialité japonaise, CNRS Éditions, Paris, 2014, pp. 243-246. La clôture, le barreau, le muret, la haie, la palissade, le rideau, le seuil, ont une présence matérielle, tangible, mais « parfois plus symbolique que coercitif ». En toutes circonstances, le kekkai est « un intermédiaire qui permet les échanges ». On retrouve donc le treillis à l’œuvre. En considérant attentivement les marges de l’espace photographié, on découvre d’étroites bandes cimentées. Un sens du mot ma, qui nous est familier au Japon, est le vide très resserré entre les maisons, les immeubles. Ainsi, près de notre logement, à gauche de notre supérette FamilyMart, un passage de moins de 20 cm est habité par de très beaux chats, il connaît une grande intensité. Un mur mitoyen est ici constitué d’un plan vertical vide. Les métadonnées des photos sont très précises. Street View ne permet pas de reconnaître l’endroit, mais, daté de 2022, il apporte une explication : un immeuble d’un étage, blanc, moderne, marqué Haku Taku Dou, Clinique d’acupuncture et d’orthopédie était là, et a donc été démoli. Le kiosque rouge et blanc et ses chaises attendent peut-être un conciliabule ou une cérémonie pour une nouvelle construction.

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Mercredi 8 novembre 2023, 13h00, Mashiko, Préfecture de Tochigi, Japon. La maison de Shōji Hamada est aussi un musée. Des pièces anciennes à titre d’exemples, deux assiettes caractéristiques de son style, un vase coréen, un plat britannique. Formé aux techniques de céramique, Hamada travaille et apprend auprès de Bernard Leach, il rencontre le philosophe et érudit en religion Yanagi Sōetsu et le potier Kawai Kanjirō. On leur attribue l’invention du mot Mingei, artisanat populaire, une forme condensée du terme minshūteki kōgei. Ce mouvement s’attache à collectionner des pièces venant d’Angleterre, de Corée et d’autres pays, pour tracer une manière, une attitude, qui mettent en valeur ce qui serait une vérité naturelle de la céramique, de ses matériaux et de ses gestes, qui produisent de beaux objets restant utilitaires.

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Lundi 6 novembre 2023, 12h40, rue Kappabashi, Tokyo. Puisque nous sommes sur la piste des soba choko, gobelets pour manger les nouilles de sarrasin, le magasin Hitsuro, そば道具専門店, soit « magasin spécialisé en outils soba », est particulièrement bienvenu. On s’arrête alors sur les outils pour fabriquer ces nouilles, et en particulier les planches, belles, impeccables. Il en manque une, celle qui vient d’être achetée.

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Lundi 6 novembre 2023, 11h 30, Kappabashi, Tokyo. Dans le quartier de la spécialité absolue de la vaisselle, un café, antiquaire moderne nommé « Sensing Touch of Earth », où le matcha se comporte, avec le lait, en volutes organiques, vigoureuses et sensibles.

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