Samedi 18 décembre 2021, 23h, Paris. Découverte dans son exposition finale de Milan en septembre, cette pièce inconnue m’intéresse à plus d’un titre. Oggetto a composition autocondotto, 1959, modèle rotatif sur un chevalet, reconstruit en 2006, est un diptyque, une boîte sous-verre contenant des pièces de bois, un segment fixe laissant un passage et 18 carrés, losanges ou triangles qui présentent des textures gravées, et un sous-verre contenant une notice manuscrite qui est un mode d’emploi et une explication. Outre l’invitation à une expérience de situation concrète de composition plastique et signifiante, cet objet présente l’exercice d’une fabrication artisanale, manuelle, ayant valeur de prototype relatif à un fonctionnement artistique. Le texte dit entre autres (traduction par LT) :
1 saisir le cadre et le pousser vers le haut
2 tourner dans le sens anti-horaire
3 le remettre en place et évaluer esthétiquement la composition
4 répéter l’opération plusieurs fois
5 les compositions sont mine de rien toujours différentes mais leur qualité esthétique est la même
Une constante est la recherche d’un équilibre entre les lois qui régissent la matière et le hasard. Par exemple l’effondrement d’une paroi rocheuse qui se brise suite à ses structures cristallines ou sédimentaires. De même l’effondrement d’un monument antique qui se fragmente le long des lignes de sa construction. Au fur et à mesure que les pierres tombent, elles s’arrangent « au hasard », chacune trouvant son propre « autre » équilibre. La forme globale qui en résulte ne peut être que cela ! Par conséquent, nous percevons la qualité esthétique de la nature lorsque différents types d’aléatoire déterminent un « autre » équilibre par rapport au précédent. Pour démontrer cette hypothèse, j’ai créé un petit modèle en 1959 en intercalant des éléments modulaires de forme équivalente entre deux plaques transparentes. En faisant tourner le modèle, les modules internes se recomposent de manières toujours différentes mais de qualité esthétique identique. En 50 ans ce modèle a été exposé plusieurs fois… mais sans susciter chez ceux qui l’ont vu l’envie d’en vérifier la démonstration. Pour cette raison, j’ai créé aujourd’hui un modèle plus grand posé sur un socle, dont l’image allégoriquement instrumentale devrait favoriser le désir d’en vérifier la démonstration.