Out of Doubt

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green journey
six universities
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Dimanche 22 septembre, 11h-12h, Mori Art Museum, Roppongi, Tokyo. Le musée a 10 ans, l’exposition Out of Doubt est la 4e d’un cycle intitulé Roppongi Crossing. L’une des significations du titre semble être « sortir du doute », « ce que produit le doute ». Les commissaires déclarent que les 29 artistes et groupes, jeunes pour la plupart, ont été retenus pour la conscience dont ils témoignent de la conscience sociale, et probablement le doute, renforcés par Fukushima.
Sachiko Kazama est une artiste née en 1972, qui vit à Tokyo. Nonhuman Crossing, 2013, est une gravure sur bois sur papier japonais en exemplaire unique. Se référant au carrefour de Shibuya à Tokyo, « le lieu le plus visité du Japon », elle traite de la situation des citoyens sans défense face à la surveillance, au contrôle, et à la « magie noire » d’Internet, dans un contexte de guerre ou de préparation de la guerre. Il est intéressant de retrouver la forme, exclusive chez elle, de la gravure sur bois, qui a été associée, au début du XXe siècle, à l’expression d’une critique et d’une révolte politiques.
Chihiro Mori est une artiste née en 1978, qui vit à Tokyo. Elle dispose dans sa salle des objets polymorphes qui ont en commun d’emprunter au vocabulaire des signes et des images des institutions, de la ville, de la publicité, des mass-médias, pour tenter de les brouiller et de les renverser : Green Journey (Someone in my Room), 2013; Cimeteries of Six Famous Universities, 2013; Sans titre, 2013.

Actualité du passé

le mur
Vendredi 16 août 2013, 12h. Dans l’escalier du 93bis, un pan de mur a été dégagé pour en traiter l’humidité. Dans la partie haute, on distingue, par ordre d’ancienneté, une couche d’enduit clair, un gris clair ou un gris moyen, une couche de beige très clair, un enduit blanc, une couche jaune. Dans la zone où se découvre une pièce de bois (les cloisons de l’immeuble, qui fut un ensemble d’ateliers de menuiserie et date d’environ 1900, sont construites ainsi), on distingue un vernis transparent, un brun clair, un brun sombre, un gris sombre, un beige clair, un enduit blanc, un jaune. Dans la partie basse (la limite du soubassement a changé de hauteur), on distingue un enduit, un brun clair, un gris moyen, un enduit blanc, un gris sombre. Les dernières couleurs, enduit, jaune et gris sombre, sont celles de la dernière rénovation, il y a une dizaine d’années. Parlant du passé et du présent, Deleuze nous a donné un bel exemple de définition du virtuel. Pour chacun de nous, le passé, y compris le passé immédiat, fait partie du réel mais entre dans le virtuel. Se le rappeler, c’est l’actualiser. C’est pourquoi le virtuel ne s’oppose pas au réel mais à l’actuel. Si les actions des peintres de l’escalier sont à ranger dans le virtuel, et peuvent éventuellement appartenir à nos souvenirs et être ainsi actualisées, les couches de couleurs, même si elles sont cachées, appartiennent bien à l’actualité du mur. Une remarque encore : l’ombre du photographe s’ajoute à toutes ces couches.

Peinture bleue




Jeudi 4 octobre 2012, 16h30, Abbaye de Saint-Riquier, près d’Abbeville, Somme. Certains éléments de la scénographie pour « leurs lumières » sont peints en bleu vidéo. La bibliothèque, qui va accueillir une œuvre et des documents, est laissée dans son état « XVIIIe ».

Félix Valloton au musée de la Chaux-de-Fonds



Félix Valloton, 1865-1925, Nu à l’écharpe verte, 1914, huile sur toile.


Samedi 10 mars 2012, 16h, musée des Beaux-Arts de la Chaux-de-Fonds, la salle où se trouvent les deux Valloton. Voir les originaux, les regarder de près, et éventuellement les photographier.



Félix Valloton, 1865-1925, Paysage de la Creuse, 1925, huile sur toile.

Edvard Munch, photographie et peinture


Edvard Munch, Rosa Meissner à l’hôtel Rohn à Warnemünde, 1907, épreuve gélationo-argentique, Munch-museet, Oslo.


Edvard Munch, Femme nue en pleurs, 1930, crayon gras sur papier, Munch-museet, Oslo.


Edvard Munch, Femme en pleurs, 1907-1909, huile sur toile, collection Stenersen, Bergen Kunstmuseum, Norvège.


Détail de cette première peinture.


Edvard Munch, Femme en pleurs, 1907, huile et pastel sur toile, Munch-museet, Oslo.

Samedi 31 décembre 2011, 13h-15h, Centre Pompidou, exposition Edvard Munch, l’œil moderne. Clément Chéroux, commissaire de l’exposition, dit dans un entretien filmé : « C’est un motif dont on ne sait pas à vrai dire ce qu’il représente. Est-ce un souvenir d’enfance, une scène primitive, un souvenir érotique ? Ou bien est-ce une sorte d’archétype de lamentation ? » On a parlé d’une allusion à la scène de l’Annonciation, ou encore d’une Ève chassée du Paradis. Ce qui m’intéresse c’est ce qu’on a pu dire de la place de la photographie dans ce processus de la série d’une jeune femme nue debout, devant un lit, dans une chambre. En l’espace de quelques mois, six versions en peinture, un dessin, une photographie, des lithographies, et une sculpture. On a dit que la photographie ne précédait pas nécessairement les peintures. En photographe, il me semble pouvoir avancer que si. Quand l’on part d’une photographie, c’est pour s’en éloigner de plus en plus mais c’est aussi pour maintenir et déformer des indices singuliers. C’est le cas, je pense, de la position du modèle par rapport aux lignes du plafond et par rapport au lit, des ombres sous le bras gauche du modèle, de la posture de la tête, de la jambe gauche légèrement pliée, de l’absence des pieds conservée dans la première peinture. Si le modèle avait été photographié au cours de la pose pour un dessin ou une peinture, on n’aurait pas une telle prégnance du motif du papier peint. Le dessin est différent, mais il a été fait 23 ans plus tard. Mais peut-être faut-il trouver l’indice photographique dans le titre même de l’œuvre. Car, s’il existe un écart manifeste entre la photographie et la série des tableaux, c’est bien dans le passage d’une femme qui manifestement ne pleure pas à la figure effacée d’une femme que le titre nous désigne en pleurs. Le négatif a connu deux expositions — accidentellement ? L’image de la sœur de Rosa Meissner, Olga, peut passer inaperçue. Mais, dès qu’on s’y attache, on devine qu’elle s’essuie le visage, peut-être avec un mouchoir. Le titre viendrait alors de cette deuxième figure spectrale ? Autre chose encore : Munch a acheté en 1902 un appareil photo Eastman fournissant des négatifs de format 9×9 cm à tirer par contact. Ce peut être l’origine des formats carrés des premières peintures de la série. Enfin, on dit que seules deux de ses relativement nombreuses photos ont une parenté directe avec ses toiles. Cette parenté a tout d’une origine, au sens du matériau visuel que, précisément, on cherche dans une photographie.

Autre chose : on peut penser au film de Jacques Doillon, avec Dominique Laffin, La Femme qui pleure, 1978. Voir : « Captures » du 15 mars 2011 : http://jlggb.net/blog2/?p=4467 et « Signalétique », du 5 décembre 2009 : http://jlggb.net/blog2/?p=51.

Remarque : c’est une bonne chose que l’on puisse photographier désormais couramment dans les musées et les expositions. On peut craindre que les visiteurs photographient sans voir, là comme ailleurs. Mais il faut comprendre que c’est pour eux une manière de regarder, avec un certain investissement. Et puis les appareils et les logiciels permettent des reproductions « en amateur » plutôt convaincantes — bien qu’ici, je ne sois pas sûr des couleurs.