Dimanche 18 novembre 2012, 20h30, Shanghai. Pour m’extraire du gigantesque centre commercial de Lujiazui, pour échapper aux gratte-ciel, il me vient à l’idée de prendre un taxi et de dire seulement : « Shanghai Dasha ». C’est le nom du premier gratte-ciel (skyscraper authentique) que j’ai connu. C’était à Shanghai en mai 1973, au terme de mon premier voyage en avion (plus de 24 heures, 10 escales), une chambre très haut dans cet hôtel redevenu hôtel l’année même. Au moment de sa construction en 1934 il se nommait Broadway Mansions. Il a retrouvé ce nom en 1996. Monument le plus visible et stratégiquement placé, il fut quartier général japonais de 1937 à 1945 (avec drapeau japonais à son sommet), puis quartier général américain de 1945 à 1949, puis quartier général de la propagande du gouvernement de 1949 à 1951. Les gardes rouges en firent le « Grand bâtiment anti-impérialiste » et il faut donc attendre ce tournant qu’est 1973 pour qu’il reprenne son nom de 1951, Shanghai Dasha (Grand bâtiment de Shanghai), Shanghai Mansions Hotel en anglais. Le moment de ce voyage était le début d’un changement — et ce voyage en faisait partie — dont on voit l’effet phénoménal aujourd’hui : le Shanghai Dasha est un gratte-ciel parmi des milliers d’autres plus grands que lui, réduit à un vestige, décor pour photos de mariage kitsch. Sort comparable pour son voisin, le glorieux pont métallique Waibaidu, construit en 1908, affublé récemment de diodes aux couleurs variables. Voir http://en.wikipedia.org/wiki/Broadway_Mansions et http://en.wikipedia.org/wiki/Waibaidu_Bridge
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Au rez-de chaussée du Shanghai Dasha, un restaurant japonais : tasse japonaise, thé chinois, bière de Tsingtao.
Sur une photo prise en 1973 (voir : http://jlggb.net/blog3/?p=4794) on remarque que le bas de l’hôtel est grillagé.