Nixon in China



Jeudi 12 avril 2012, 20h-23h, Théâtre du Châtelet, Paris. Opéra en trois actes de John Adams, Nixon in China (projet amorcé en 1982, créé en 1987). Le livret d’Alice Goodman, un long poème changeant, subtil, agençant fragments de documents authentiques, citations, paroles ordinaires et oniriques, apparaît comme l’élément central capable d’articuler la musique — apparentée au minimalisme, mais elle aussi riche en références historiques et en effets dramaturgiques très efficaces — et la mise en scène des chanteurs et des danseurs. Très beau travail des lumières, des couleurs et des costumes avec l’intervention tranchée de Shilpa Gupta, une jeune artiste indienne que nous avions déjà remarquée. Que la mise en scène et la chorégraphie soient de Chen Shi-Zheng, formé en Chine à l’opéra chinois, amplifie sans doute encore la complexité multicouches d’un propos à la fois sérieusement historique et ouvertement satirique. Il évite la pure parodie pour donner à voir une dialectique et une distanciation fondées sur une gestuelle que l’on sait provenir de l’opéra chinois, y compris révolutionnaire. Ce télescopage est des plus troublants pour nous qui avons connu non seulement l’événement Nixon en Chine mais aussi fréquenté simultanément deux mondes étrangers : la scène minimaliste américaine (Philip Glass, Steve Reich, Terry Riley, Bob Wilson, Lucinda Childs, Peter Sellars) et la Chine de ces années-là (1973, 1974, 1976, 1978, 1979, 1980, 1981, 1983, 1985, 1986, 1987, 1988, 1989).


Retransmission de la représentation du 18 avril 2012 sur Arte Web (jusqu’au 15 juillet 2012)

Sur le site de John Adams : Nixon in China.

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