août 2012

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Mardi 14 août 2012, 16h20. Documenta (13), parc Karlsaue (Orangerie). Anri Sala (1974 Tirana, ancien élève de l’École nationale supérieure des arts décoratifs et du Fresnoy), Clocked Perspective, 2012. Anri Sala corrige un tableau conservé à l’Orangerie qui contient une véritable horloge mais qui n’est pas inscrite dans la perspective du tableau. Il concrétise la notion métaphorique de pesrpective du temps. La forte distorsion de son horloge est compensée par un mouvement savant des aiguilles. Vue depuis le bassin dont elle marque l’extrémité, l’anamorphose tend à s’effacer.

Voir : No Window No Cry, 30 juillet 2011, sur jlggbblog2.



Mardi 14 août 2012, 12h30, Neue Galerie, Kassel. Présence et virtuosité surprenantes d’une scène que l’on prendra comme document ou comme fiction et au moins comme une vision allemande de l’Italie : Johann Erdmann Hummel (Kassel 1769 – Berlin 1852), Junge Leute beim Schaukeln in einem Garten bei Neapel (Jeunes personnes sur une balançoire dans un jardin près de Naples), 1823.



Mardi 14 août 2012, 12h30, Neue Galerie, Kassel. Au détour d’une salle, dans les collections du musée qui accueille aussi des œuvres de la Documenta, un magnifique Courbet, Prairies près d’Ornans, 1862. Ce qui nous fascine est cette façon qu’a la peinture de Courbet de dégager, sous le vert, l’ossature calcaire de la montagne et la façon dont elle va vers les ombres noires. On a dit que c’était la version la plus puissante de son autoportrait, pas seulement parce qu’il s’agit de sa région, pour la conjonction du géologique, du morphologique et du psychologique. J’en témoigne, j’ai toujours ressenti les falaises calcaires de mon enfance — le Vercors, le Royans — comme des révélations des origines du monde.


Mardi 14 août 2012, 12h. Neue Galerie, Gerhard Richter, Arnold Bode, 1964. Arnold Bode (1900 Kassel – 1977), professeur, architecte, peintre, designer, fut le fondateur de la Documenta en 1955 — avec le projet de rompre avec le passé de l’Allemagne nazie — et de nouveau son commissaire en 1959, 1964 et 1968.


Mardi 14 août 2012, 11h50. Documenta (13), Neue Galerie, Susan Hiller (1940), Die Gedanken sind frei, installation sonore interactive avec 100 chansons. Le titre reprend celui d’une chanson allemande datant probablement de la Révolte des paysans de 1524-1526, reprise en 1848, puis dans le mouvement anti-nazi mais aussi aux États-Unis au XIXe siècle : « Thoughts are free ».





Lundi 13 août 2012, 17h30, Kassel, Documenta (13), Fridericianum. L’essentiel du rez-de-chaussée, deux très grandes salles, trois autres plus petites, sont vides, traversées par un fort courant d’air, conçu par Ryan Gander (1976 Chester) que l’on ne ressent vraiment qu’au passage des portes (deux grands cubes blancs dissimulent une puissante aspiration). Dans une salle cependant a été reconstituée la console supportant trois sculptures (dont Homme gothique, 1937) de Julio González (1876 Barcelone – 1942 Arcueil), qui se trouvait là lors de la Documenta II en 1959 (une photographie en témoigne).


Lundi 13 août 2012, 13h18. La gare centrale de Francfort (construite en 1888, restaurée après la guerre puis de 2002 à 2006), est l’une des plus impressionnantes constructions métalliques que l’on connaisse. On ne l’aperçoit aujourd’hui que très rapidement car, dans le trajet de Paris à Kassel, on n’a que quelques minutes pour passer du TGV à l’ICE.



Dimanche 12 août 2012, 16h. Peut-être le plus beau livre de la bibliothèque : Gerhard Richter, Atlas der Fotos, Collagen und Skizzen, Lenbachhaus, München, Oktagon Verlag, Köln, 1997, d’après l’exposition de la Städtischen Galerie im Lenbachhaus, Münich, du 8 avril au 21 juin 1998, 240 x 335 mm, 390 pages. Cette édition « rarissime » se termine avec la planche 633. La version en ligne, sur le site de Gerhard Richter, finit avec la planche 783. La version livre actuelle, Thames & Hudson, London, 2006, comporte 864 pages. Il était dans la logique de la démarche de Richter que de mettre en ligne son Atlas. Si le livre est une œuvre à part entière, le site lui-même constitue une œuvre sans équivalent. Il y a aussi, dans la bibliothèque, la version précédente, de 1989, 234 pages. Le lutrin en métal laqué noir est d’Achille Castiglioni (1918-2002), édité par Zanotta (1975).


À voir absolument, le site « officiel » de Gerhard Richter : http://www.gerhard-richter.com




Vendredi 10 août 2012, 12h30-13h30, Centre Pompidou, exposition La Tendenza, Architectures italiennes 1965-1985. Télescopage de l’architecture des Lumières et des avant-gardes du début du XXe siècle. On retient ici Aldo Rossi, pour avoir croisé plusieurs fois ses bâtiments, à Paris, à Berlin, etc. (Voir « Série colorée à Berlin », 5-7 février 2005, Hôtel Mercure) et pour son célèbre théâtre flottant de Venise, figure emblématique du post-moderne en architecture.
Aldo Rossi (1931-1997), Theatro del Mondo, Venise, 1979-1980, projet réalisé, maquette de rendu, bois et métal.
Aldo Rossi, Hôtel Il Palazzo, Fukuoka, Japon, 1987-1989, détail de la façade, bois.
Aldo Rossi, Cabine de l’Elbe, 1983. Prototype, production Molteni & C.
(Collections du Musée national d’art moderne-Centre de création industrielle).
Voir aussi ma contribution au style Aldo Rossi avec la petite maison en Lego des années 1980 : http://jlggb.net/blog3/?p=216


Mardi 7 août 2012, 19h. Sortant d’un rapide rendez-vous chez le docteur T., 45 rue de Montreuil, Paris 11e, je remarque que l’escalier vient d’être refait. On a donc un exemple très net de l’escalier parisien standard en bois des immeubles du XIXe siècle (sauf qu’ici, au premier étage, les tomettes ont été remplacées par une espèce de travertin et que la rampe en bois vernis est laquée noir, probablement pour masquer les reprises en résine plastique). Et c’est l’occasion de se poser la question de la photogénie des escaliers (puisque c’est un thème de ce blog, illustré déjà par 69 sujets depuis la fin 2007). On notera que l’escalier est par excellence le lieu de l’expérience de la transition, modèle fonctionnel unique mais apte à se façonner dans des matières, des formes et des couleurs les plus variées : c’est un appareil et un apparat. C’est en même temps une scène à part entière pour le théâtre quotidien, pour une dramaturgie forcément inscrite dans la verticalité et dans la pesanteur. Nombre de monuments ou simplement de bâtiments s’articulent ainsi sur leurs escaliers. Dans le jargon de l’art contemporain on parlerait d’environnements participatifs, de dispositifs performatifs. On citera l’exemple de Bill Viola (voir : « Escalier italien » dans jlggbblog1). Ou encore cette proposition permanente de Max Neuhaus (1939-2009), Three to One, à la Documenta de Kassel (créée en 1992) : en montant trois étages d’un immeuble moderne, on distingue progressivement un son, une fréquence haute et légère; lorsqu’on descend, ayant pris connaissance de ce son, on continue à l’entendre jusqu’en bas.

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