mai 2012

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Jeudi 10 mai 2012, 15h, rue du Béarn, Paris, 3e. À tout prendre, le slogan « Sans espoir » serait-il négatif quand « Espoir » serait positif ? Les marques No-Logo, No-Design, No-Go-Voyages, etc, n’ont-elles pas fait fortune ces dernières années ?  Je viens de croiser Jack Lang sur le trottoir étroit de la rue du Pas de la Mule. Si l’on n’était pas à deux pas de la place des Vosges, on pourrait plus aisément apprécier l’esprit critique que portent les murs. On y voit bien entendu une allusion au « Hope » associé à un portrait d’Obama, image mondialement connue, issue du Street Art, produite par Shepard Fairey (Aka Obey. Voir les sites : http://obeygiant.com/archives et http://obeyclothing.com/propaganda/ — l’image d’Obama y est désormais absente à cause du procès lancé par Associated Press). Ses affiches, collages muraux, pochoirs, T-shirts, hésitent entre la citation parodique des formes de propagande (soviétique, chinoise, vietnamienne, etc.), les fausses, vraies-fausses et vraies causes, pour rejoindre une position explicitement commerciale aux antipodes de la « contre-culture ». Notre pochoir « No Hope » appartient à une histoire ambiguë qui bégaie : on voit mal les (jeunes) street-artistes parisiens (enfants de bobos ?), équipés de leur leçon bien apprise — « le médium, c’est le message » : de la liberté d’expression — se faire les propagandistes d’un « espoir hollandais ».

 
http://obeygiant.com/headlines/obama-or-bust


Dimanche 6 mai 2012, 14h. Ça fait longtemps qu’on n’avait pas goûté le plaisir simple d’un dessert populaire (parmi les desserts industriels qui sont notre quotidien). Sur le coup de 12h30, nous avons « glissé le bulletin dans l’urne » à l’école primaire de la rue de Bouvine. À 13h30, nous avons « tiré sur la languette : pour démouler, c’est rigolo ».


Vendredi 4 mai 2012, 16h, à l’angle de la rue de la Nouvelle Héloïse et de la rue du Contrat social à Genève. Dans le quartier Saint-Jean, où neuf rues sont nommées en référence à Rousseau et à ses œuvres, un dispositif sur iPad permet de détecter la présence de ses livres dont les plaques de rues sont comme les couvertures (Rue des Confessions; Rue du Contrat social; Rue du Vicaire savoyard, Sentier du promeneur solitaire; Avenue du Devin du village; Rue d’Ermenonville; Avenue de Warens; Rond-point Jean-Jacques; Rue de la Nouvelle-Héloïse). L’image et la voix de la lectrice ou du lecteur sont retransmises à un deuxième iPad à quelque distance. Les performeuses et performeurs sont des élèves du collège Rousseau. Le projet est organisé par la Haute école d’art et de design. Pendant trois jours, il est basé à la galerie LiveInYourHead, dans le quartier « Rousseau ».
À ce moment là, le texte lu est :

Parmi les rochers de cette côte, j’ai trouvé, dans un abri solitaire, une petite esplanade d’où l’on découvre à plein la ville heureuse où vous habitez. Jugez avec quelle avidité mes yeux se portèrent vers ce séjour chéri. Le premier jour je fis mille efforts pour y discerner votre demeure ; mais l’extrême éloignement les rendit vains, et je m’aperçus que mon imagination donnait le change à mes yeux fatigués. Je courus chez le curé emprunter un télescope, avec lequel je vis ou crus voir votre maison ; et depuis ce temps je passe les jours entiers dans cet asile à contempler ces murs fortunés qui renferment la source de ma vie.
La Nouvelle Héloïse, Première partie, Lettre XXVI à Julie

Voir : « Des rues nommées Rousseau » du 8 mars 2011.


Jeudi 3 mai 2012, 16h, galerie LiveInYourHead, 4 rue du Beulet, Genève. Maurizio Nannucci, More than meets the eye, néon, 55 x 1000 cm, 2012. Maurizio Nannucci (Florence, 1939) est l’un des premiers artistes à avoir produit des textes en néon (1967), souvent à la demande d’architectes. Ses travaux concernent les relations entre diverses formes du langage dans les performances, les techniques d’impression, le son et la musique électronique, la vidéo et le livre d’artiste.
Cette pièce est exposée dans La Radio Siamo Noi, « un événement qui propose une plate-forme d’échange sur les médias auto-organisés, sur l’activisme dans les médias, sur la « magie radiophonique » et sur les pratiques artistiques qui leur sont attachées autour des années 70 en Italie, ainsi qu’une réflexion sur l’impact et les conséquences de cet ensemble de concepts innovants aujourd’hui. » Voir : http://www.laptopradio.org/LTRblog/


Jeudi 3 mai 2012, 13h, le rond-point Jean-Jacques, Genève. Dans ce quartier où les rues sont nommées à partir de Rousseau, c’est comme un centre. Probablement, personne n’y habite. Les cartes ne le mentionnent pas. Toujours est-il qu’il est en chantier, dans une confusion (en vérité très active) qui est comme un hyper-monument, avec son mât de fête rousseauiste.


Mercredi 2 mai 2012, 20h. Comme on pouvait le prévoir, le sac s’est retrouvé aux Objets trouvés de Genève. L’argent et l’appareil photo ont bien sûr disparu. Le reste a été ramassé parc des Cropettes, derrière la gare, là précisément où j’imaginais qu’il pouvait avoir été abandonné. Peut-être a-t-il été jeté sur la rue, une auto serait passée dessus : les lunettes ont été brisées, leur étui écrasé. L’assurance va jouer, cet épisode aura été l’occasion d’un changement : on reste chez Oliver Peoples mais on décale un peu la référence en passant du rétro collège au moderne minimaliste, tout en conservant le « pont en serrure » (Riley 41 > Kent, encore Made in Japan, mais c’est fini). L. me l’écrit dans un SMS : « Ils sont bien ces Albanais. »


Mardi 1er mai 2012, 20h30, Tgv de Paris vers Aix-les-Bains à la hauteur de Lyon.


Mardi 1er mai 2012, 16h40, boulevard Saint-Germain, place Maubert, Paris. Manifestation du 1er mai, le théâtre du Soleil.

« D’autres maux pires encore suivent les lettres et les arts. Tel est le luxe, né comme eux de l’oisiveté et de la vanité des hommes. Le luxe va rarement sans les sciences et les arts, et jamais ils ne vont sans lui. Je sais que notre philosophie, toujours féconde en maximes singulières, prétend, contre l’expérience de tous les siècles, que le luxe fait la splendeur des États; mais après avoir oublié la nécessité des lois somptuaires, osera-t-elle nier encore que les bonnes mœurs ne soient essentielles à la durée des empires, et que le luxe ne soit diamétralement opposé aux bonnes mœurs? Que le luxe soit un signe certain des richesses; qu’il serve même si l’on veut à les multiplier : Que faudra-t-il conclure de ce paradoxe si digne d’être né de nos jours; et que deviendra la vertu, quand il faudra s’enrichir à quelque prix que ce soit? Les anciens politiques parlaient sans cesse de mœurs et de vertu; les nôtres ne parlent que de commerce et d’argent.[…] On a de tout avec de l’argent hormis des mœurs et des citoyens. »
Jean-Jacques Rousseau, Discours sur les sciences et les arts

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