Visite architecturale : la Tour Bois le Prêtre, Paris 17e



Vendredi 30 mars 2012, 14h,Tour Bois le Prêtre, Paris 17e. Transformation à la fois radicale et élégante d’une tour construite en 1962, par ajout d’extensions chauffées, de jardins d’hiver et de balcons. Frédéric Druot, Anne Lacaton et Jean Philippe Vassal architectes. Cette opération, parallèle à celle de la rue Pierre Rebière (article précédent), a pu apparaître comme son versant critique, s’opposant à un « effet de collection narcissique ». On note un matériau innovant pour les rideaux isolants qui est à lui seul une proposition architecturale.

Visite architecturale : rue Pierre Rebière, Paris 17e






Vendredi 30 mars 2012, vers 14h, rue Pierre Rebière, Paris 17e. Sur une bande de terrain récupérée sur la rue elle-même, de 600 mètres de long sur 12 mètres de large, le long du cimetière des Batignolles, une série d’immeubles d’habitation se terminent. Dans cet espace particulier, neuf équipes de « jeunes architectes » ont expérimenté des formules d’habitat social qui semblent agréablement habitables, en dépit du bruit du périphérique proche. Des jeux de renfoncements et de terrasses contournent l’interdiction de placer des fenêtres donnant directement sur le cimetière pour bénéficier malgré tout de ses 900 arbres. Ainsi l’immeuble conçu par Stéphane Maupin présente deux gradins de balcons se faisant face dans l’épaisseur du bloc. Visant à augmenter les vues et la lumière de chaque pièce, l’atelier japonais Bow-Wow a multiplié les ouvertures en leur donnant systématiquement un balcon, où l’on se tient debout, où l’on s’assoit, où l’on se met autour d’une table.
À écouter, les émissions de François Chaslin sur la rue Pierre Rebière des 27 novembre 2011 et 18 décembre 2011 : première partie et deuxième partie.

La Folie Titon



Lundi 26 mars 2012, 15h30, Paris 11e. La visite à Madame Bénédicte de Ch., ophtalmologue, montre que les yeux et la vue se maintiennent. Son cabinet se trouve au 31 rue de Montreuil, à l’emplacement de la Folie Titon, la manufacture de papiers peints Réveillon, d’où sont parties la première montgolfière en 1783  et la révolte ouvrière qui conduit à la Révolution en 1789 (c’est amusant, pour une aristocrate). Non loin de là, rue Titon, le jardin de la Folie Titon, lui-même à l’emplacement de la Folie Titon, voit tous ses cerisiers en fleurs.

Des archives : Jean Vilar à Avignon en 1967


Dimanche 25 mars 2012, 23h50. Aujourd’hui, 100e anniversaire de la naissance de Jean Vilar, il me revient une série de photographies faites en août 1967 au Cloître des Carmes à Avignon (c’était la première fois que le Cloître des Carmes accueillait des représentations du festival) : Serge Regiani, Chantal Darget, Jean-Pierre Léaud, Georges Staquet, Yves Afonso, Jean-Claude Bouillon, Marie Dedieu et d’autres comédiens répètent Silence, l’arbre remue encore ! de François Billetdoux, mise en scène par Antoine Bourseiller, en présence de Jean Vilar et de Paul Puaux, administrateur et Jean Vilar, directeur du Festival d’Avignon. Ici : Antoine Bourseiller, Jean Vilar, François Billetdoux. Photo © JLggB 1967.
Voir : http://jlggb.net/blog3/?p=875 et http://jlggb.net/blog2/?p=6783

Révisions






Vendredi 23 mars 2012, 9h-21h, circuit en voiture depuis Aix-les-Bains : Chambéry, Grenoble, Sassenage, Lans en Vercors, les gorges de la Bourne, Saint Martin en Vercors, La Rivière, La Chapelle en Vercors, le col de Carri, le col de La Machine, Combe Laval, Saint Jean en Royans, Saint Laurent en Royans, Pont en Royans, Saint Romans, Saint Marcellin, Varacieux, Vinay, Buissonnière, le pont de Trellins, Le Rivier, Nalletière, Grenoble, Chambéry. Certaines des images reviennent dans mes rêves mais n’avaient pas été mises à jour depuis 10, 20, 30,… 60 ans. Le village de La Chapelle en Vercors, presque entièrement reconstruit après la guerre; la fontaine aux Ours au centre de La Chapelle; la route de Combe Laval, quelques centaines de mètres au-dessus de notre maison de Saint Laurent en Royans; l’usine de Saint Jean en Royans; le séchoir à noix (voir : « Notre séchoir ») — maintenant au musée, Le Grand Séchoir à Vinay.

Des collections : pour les 50 ans des Accords d’Évian


Jeudi 22 mars 2012, 17h44, Genève. Il y a une image du film de Godard, Le Petit Soldat, repérable dans le film, mais que je gardais pour moi. En 1987, en préparant le numéro de la revue La Recherche photographique, numéro 3, intitulé « Le cinéma, la photographie » j’avais trouvé dans le fonds de la Cinémathèque française un ensemble de photographies du tournage du Petit Soldat (sans pouvoir identifier leur auteur, y compris auprès de Madame de Beauregard). Elles ont ce charme particulier d’appartenir aux vues du film (travail admirable de Raoul Coutard, avec la pellicule photo Agfa Record que seule la caméra Cameflex acceptait) tout en s’en distinguant. De format carré, probablement faites au Rolleiflex, elles sont à la fois posées, emblématiques et révélatrices du tournage lui-même (au demeurant, « tout film est un documentaire sur son propre tournage » aurait dit Jacques Rivette). J’avais donc fait tirer, sans la publier, la photo de la voiture filant le long du lac depuis le Pont du Mont-Blanc, avec cette figure de platane, tentaculaire et taillé, que j’affectionne. Tourné fin 1959, début 1960 à Genève et dans ses environs, Le Petit Soldat est interdit par la censure jusqu’en 1963. Louis Terrenoire, ministre de l’Information, déclarait : 1. Que ces tortures soient appliquées par des agents du FLN ne saurait modifier le jugement qui doit être porté contre ces pratiques et contre leurs représentations à l’écran. 2. À un moment où toute la jeunesse française est appelée à servir et à combattre en Algérie, il paraît difficilement possible d’admettre que le comportement contraire soit exposé, illustré et finalement justifié. Le fait que le personnage se soit paradoxalement engagé dans une action contre-terroriste ne change rien au problème. 3. Les paroles prêtées à une protagoniste du film et par lesquelles l’action de la France et en Algérie est présentée comme dépourvue d’idéal, alors que la cause de la rébellion est défendue et exaltée, constituent à elles seules, dans les circonstances actuelles, un motif d’interdiction. » (Wikipedia, repris de Lionel Trélis, La Censure cinématographique en France, mémoire, Institut d’études politiques de Lyon, juin 2001). Les 50 ans des Accords d’Évian (18 mars 1962) semblent n’avoir donné lieu à aucune commémoration ces derniers jours. J’y songeais depuis longtemps : l’anniversaire et un détour par le Quai du Mont-Blanc me donnent le prétexte pour publier la photographie restée inédite.


Jean-Luc Godard, Le Petit Soldat, 1960, Anna Karina, Michel Subor, photo de tournage, fonds Cinémathèque française, négatif 1040. Épreuve : collection jlggb.


La Recherche photographique, N°3, décembre 1987, Paris. Contient un portfolio de 16 photographies de tournage du Petit Soldat.


Raoul Coutard et Jean-Luc Godard sur le tournage du Petit Soldat. Planche contact de la même série que les photos ci-dessus [dr].

La Jonction



Jeudi 22 mars 2012, 16h, Genève. En marge du projet Rousseau retrouvé avec le collège Rousseau dans le quartier Saint-Jean (voir : http://circonstances.net/Rr/). C’est de la passerelle du Bois de la Bâtie, qui double le pont de chemin de fer, que l’on voit vraiment ce site magnifique qu’est la rencontre — la Jonction — entre le Rhône et l’Arve (le Rhône, institutionnel, est filtré par le Léman. L’Arve, sauvage, vient tout droit des glaciers du Mont Blanc). Il y a un projet de la Ville de construire ici un centre « associant arts et neurosciences », à la place notamment des ateliers d’artistes et de designers installés dans l’ancienne usine de robinetterie Kugler. Il va falloir être très fort et très subtil pour être à la hauteur de ce qui se fait de mieux en matière de coopération entre l’histoire et la nature.

Match nul


Mercredi 21 mars 2012, 22h, Genève. L’hôtel Bernina, face à la gare Cornavin, s’invente, à l’occasion d’une rénovation à la va-vite en hôtel bon marché, un passé qui n’est pas le sien. C’était probablement (on en voit des indices intéressants) un solide établissement de standing à la mode genevoise qui ne devait rien à la Californie. Il reste que voici un fauteuil des époux Eames qu’on se sent obligé de collectionner en dépit du goût désormais convenu (vintage du modèle DAX avec piètement Lafonda, toujours édité).
Voir, par exemple, ici. Et les articles précédents : http://jlggb.net/blog2/?s=eames

It shakes !


Mardi 20 mars 2012, 20h, Genève, pont du Mont-Blanc. Masaki, mon collègue de Tokyo, m’a accompagné à Genève pour une rencontre avec CB au Mamco, où il a été question du livre que nous préparons. Ce soir, c’est DP qui nous invite au restaurant Les Voyageurs, aux Eaux vives. Masaki n’est pas venu à Genève depuis sept ans (c’était pour le projet Landing Home). Aujourd’hui, il me demande : « Qu’est-ce qui a changé à Genève ? ». Ma réponse : « Rien ». Mais, au fait, si : « Pourquoi a-t-on mis une gare de tramway sur l’Île Rousseau ? ». Je dis que c’est en effet consternant. Là-dessus : « It shakes ! », me dit-il d’une voix faussement inquiète. Le pont du Mont-Blanc oscille tellement, verticalement, que nous titubons en pensant : « Earthquake ».
Voir : « L’île Rousseau rénovée », http://jlggb.net/blog3/?p=917