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La presse française n’a pas mentionné, me semble-t-il, la mort de Sori Yanagi (柳宗理) le 25 décembre dernier. Je l’apprends en écoutant l’émission d’architecture de François Chaslin sur France culture, ce dimanche 8 janvier 2012. Au milieu des années 90, L. avait fait acheter pour le département d’arts plastiques de Paris 8, des tabourets Elephant (1954) — encore fabriqués en résine de polyester armée de fibre de verre. Je connaissais son nom et certains de ses objets (le tabouret Butterfly, une célèbre théière, etc.) quand, en octobre 2000, ayant donné un entretien pour la télévision NHK, j’ai reçu en cadeau un écrin de 10 couverts Yanagi « de luxe » — avec manches en bois. Je remarquais alors des objets de lui un peu partout au Japon (une bouilloire, des ustensiles, des couverts, des tasses). J’ai vu, en 2001, au grand magasin Parco d’Osaka, une tasse de porcelaine fine bone china (1990) de taille moyenne, fabriquée par Nikko à Kanazawa. C’était La Tasse par excellence. J’en ai acheté une pour le 88e anniversaire de mon père. En 2002, j’ai acheté des couverts pour tous les jours. En novembre 2003, à Tokyo, L. et moi avons acheté d’autres tasses blanches, et des petites aussi. En février 2011, visitant le Mingei Kan (musée d’art populaire à Tokyo) fondé par le philosophe Soetsu Yanagi, le père de Sori Yanagi, j’ai choisi de rapporter une assiette en céramique noire et verte qui est un classique des emprunts de Sori Yanagi aux arts traditionnels populaires.

Voici donc le dossier de jlggbblog propose en hommage à ce grand designer.


Extrait de l’émission Métropolitains de François Chaslin consacré à Sori Yanagi le 8 janvier 2012, cliquer ici : Yanagi-Chaslin-2012


Sori Yanagi Design en Europe


« Une assiette à deux couleurs d’émaux juxtaposées de Sori Yanagi »


« Mingeikan »


« L’esprit Mingei au Japon »


« Super Normal »


Vidéo du 19 janvier 2007, mise en ligne à l’occasion de l’exposition Sori Yanagi au Musée national d’art moderne de Tokyo.

Sur les sites Domus, ou Designboom, on trouve ce témoignage de Jasper Morrison :

Jasper Morrison has sent us a tribute to sori yanagi, a key figure in the reconciliation among craft and industry who died on dec. 25, 2011. Over the course of a career that spanned more than 60 years, Yanagi created a vast array of industrial objects for a quotidian use with an emphasis on simplicity, practicality and natural beauty.

Sori Yanagi, the japanese designer famous for his butterfly stool, made from two identical plywood mouldings, has died in Tokyo aged 96. His career spanned a period which saw the birth of post war japan’s industrialisation and it’s relatively recent surrender to Korea and China as factory floors for the world’s electronic goods.

Yanagi was born in Tokyo in 1915 and grew up in the Japanese equivalent of an arts and crafts house across the street from the Mingei Kan (japanese crafts museum) which his father Soetsu established together with the ceramicists Shoji Hamada and Kanjiro Kawai. Their understanding of korean and japanese folk art was based on an intuitive appreciation of the beauty of things made unselfconsciously, and the discussions which their discoveries provoked, led to a cultural awakening in pre-war japan which had long been absent.

The inadequacy of industrial production and the importance and superiority of objects made by hand for unpretencious everyday purposes was a constant theme of his father’s essays and looking at the hundreds of everyday objects which resulted from yanagi’s six decade design career, from manhole covers to tea cups and drinking water fountains, it seems the message was well received, each one of them having about it all the spirit an object needs to overcome the orphan-like disadvantages of an industrial birth.

His students days were marked by the teaching of Charlotte Perriand, the french designer responsible for most of the furniture attributed to Le Corbusier, who travelled to japan in the 1940’s on a government grant with a mission to inspire young Japanese designers. In 1957 he travelled to Milan, then in its hey day as the design capital of the world, for the 11th Milan triennale where he exhibited his butterfly stool. Back in Tokyo his design office finally settled in the studio where he was to continue working for the last 4 decades of his career.

I was lucky enough to visit Sori Yanagi’s studio, a half submerged day-lit cube in a modernist building of the 1970’s. The room was no bigger than 40 square metres, and manouvreability limited to narrow passages between islands of models, books and industrial samples. at the time, assistants were busy modelling saucepan handles, while I took in the atmosphere. It was evident that for sori yanagi a design needed to be modelled, in the original sense of the word, before it could be drawn up for production.

In recent years his kitchenware designs have attracted something of a cult following, appreciated for there usefulness as much as their beauty. It seems probable that sori yanagi spent his life trying to invent a future for his father’s appreciation of things, reconciling the two worlds of craft and industry by adapting the benefits of the handmade with the advantages of industrial production, with a mind and an eye trained from an early age to know how to do it.

His recent decline in health combined with a certain lack of attention from Europe’s design media and institutions, denied the west the retrospective exhibition and magazine coverage he deserved. Though he rarely made public appearances in later years, in 2006 he attended an exhibition curated by Naoto Fukasawa and myself called Super Normal, which featured a number of his pieces.

Wandering among the exhibits he stopped to appreciate some of them, finally settling on a salad bowl with combined strainer that he had designed several years earlier « it’s beautiful, who did it? » he asked with a slight smile and twinkling eyes.


Sori Yanagi’s salad bowl with combined strainer.


Edvard Munch, Rosa Meissner à l’hôtel Rohn à Warnemünde, 1907, épreuve gélationo-argentique, Munch-museet, Oslo.


Edvard Munch, Femme nue en pleurs, 1930, crayon gras sur papier, Munch-museet, Oslo.


Edvard Munch, Femme en pleurs, 1907-1909, huile sur toile, collection Stenersen, Bergen Kunstmuseum, Norvège.


Détail de cette première peinture.


Edvard Munch, Femme en pleurs, 1907, huile et pastel sur toile, Munch-museet, Oslo.

Samedi 31 décembre 2011, 13h-15h, Centre Pompidou, exposition Edvard Munch, l’œil moderne. Clément Chéroux, commissaire de l’exposition, dit dans un entretien filmé : « C’est un motif dont on ne sait pas à vrai dire ce qu’il représente. Est-ce un souvenir d’enfance, une scène primitive, un souvenir érotique ? Ou bien est-ce une sorte d’archétype de lamentation ? » On a parlé d’une allusion à la scène de l’Annonciation, ou encore d’une Ève chassée du Paradis. Ce qui m’intéresse c’est ce qu’on a pu dire de la place de la photographie dans ce processus de la série d’une jeune femme nue debout, devant un lit, dans une chambre. En l’espace de quelques mois, six versions en peinture, un dessin, une photographie, des lithographies, et une sculpture. On a dit que la photographie ne précédait pas nécessairement les peintures. En photographe, il me semble pouvoir avancer que si. Quand l’on part d’une photographie, c’est pour s’en éloigner de plus en plus mais c’est aussi pour maintenir et déformer des indices singuliers. C’est le cas, je pense, de la position du modèle par rapport aux lignes du plafond et par rapport au lit, des ombres sous le bras gauche du modèle, de la posture de la tête, de la jambe gauche légèrement pliée, de l’absence des pieds conservée dans la première peinture. Si le modèle avait été photographié au cours de la pose pour un dessin ou une peinture, on n’aurait pas une telle prégnance du motif du papier peint. Le dessin est différent, mais il a été fait 23 ans plus tard. Mais peut-être faut-il trouver l’indice photographique dans le titre même de l’œuvre. Car, s’il existe un écart manifeste entre la photographie et la série des tableaux, c’est bien dans le passage d’une femme qui manifestement ne pleure pas à la figure effacée d’une femme que le titre nous désigne en pleurs. Le négatif a connu deux expositions — accidentellement ? L’image de la sœur de Rosa Meissner, Olga, peut passer inaperçue. Mais, dès qu’on s’y attache, on devine qu’elle s’essuie le visage, peut-être avec un mouchoir. Le titre viendrait alors de cette deuxième figure spectrale ? Autre chose encore : Munch a acheté en 1902 un appareil photo Eastman fournissant des négatifs de format 9×9 cm à tirer par contact. Ce peut être l’origine des formats carrés des premières peintures de la série. Enfin, on dit que seules deux de ses relativement nombreuses photos ont une parenté directe avec ses toiles. Cette parenté a tout d’une origine, au sens du matériau visuel que, précisément, on cherche dans une photographie.

Autre chose : on peut penser au film de Jacques Doillon, avec Dominique Laffin, La Femme qui pleure, 1978. Voir : « Captures » du 15 mars 2011 : http://jlggb.net/blog2/?p=4467 et « Signalétique », du 5 décembre 2009 : http://jlggb.net/blog2/?p=51.

Remarque : c’est une bonne chose que l’on puisse photographier désormais couramment dans les musées et les expositions. On peut craindre que les visiteurs photographient sans voir, là comme ailleurs. Mais il faut comprendre que c’est pour eux une manière de regarder, avec un certain investissement. Et puis les appareils et les logiciels permettent des reproductions « en amateur » plutôt convaincantes — bien qu’ici, je ne sois pas sûr des couleurs.

 


Les pièces constitutives de la lampe Tolomeo Micro (Artemide).


Jean-Louis Pradel a reçu Michele De Lucchi (designer milanais) le 24 novembre 2011, dans le cadre de ses Ateliers de rencontre de l’Ensad. Il y est question des lampes Tolomeo et de leur succès.

Voici une rétrospective des apparitions de la lampe Tolomeo dans jlggbblog :


« Composition colorée », 27 novembre 2008, http://jlggb.net/blog/?p=836


« Ambiance de travail, bis », 15 juin 2009, http://jlggb.net/blog/?p=3855


« Le regroupement familial (Vie des objets. Ch.5) », 5 août 2009, http://jlggb.net/blog/?p=4680


« Decentrata », 9 janvier 2010, http://jlggb.net/blog2/?p=685

Dans des expositions :
mdc-2001-jeune-visiteuse-1600
JLB, Mémoire de crayons, installation avec 1024 crayons, un ordinateur et une base de données, Centre Pompidou, 2001. Les deux lampes Tolomeo video ont été offertes par Artemide.


Jean-Michel Géridan, Lipstick Traces, installation interactive, Jouable, Ensad, 2004. La scénographie de cette exposition employait exclusivement des lampes de bureau Tolomeo.