Photographie

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Dimanche 4 novembre 2012, 20h. Aquarelle faite sur le lieu de la photo (Aix-les-Bains, 29 octobre 2012, 10h30), tentative d’extraction et de conjonction de deux couleurs. On peut parler de notation (voir : http://jlggb.net/blog3/?p=3662).







Cet article est le 300e de jlggbblog3 (depuis le 1er décembre 2011). Jeudi 25 octobre, 23h50. Les précédents articles, « Daido Moriyama » du 1er juillet 2011 : http://jlggb.net/blog2/?p=6144 et « Moriyama à la Daido » du 13 septembre 2012 : http://jlggb.net/blog3/?p=3815, montraient le célébrissime Moriyama du noir et blanc. Entre 2008 et 2012, à Tokyo, il a pris quelque 30 000 photographies numériques en couleurs. C’est une telle rupture que sa sélection de 191 images peut se titrer Color (publié en 2012 par Getsuyosha). Un tour de force de radicalié : le livre proprement dit (hors jaquette et bandeau) ne comporte aucun mot ni numéro (en dehors des photos elles-mêmes).

Lectrice

emeri-miki-emile-blog
Samedi 22 septembre 2012, 21h30. Photo de l’application pour iPad « Lumières de Rousseau », pour illustrer le catalogue de l’exposition « leurs lumières », en préparation. Miki dans le rôle de la lectrice. À nouveau, sur la lisibilité du monde.

Les rayons du soleil levant rasaient déjà les plaines, et projetant sur les champs par longues ombres les arbres, les coteaux, les maisons, enrichissaient de mille accidents de lumière le plus beau tableau dont l’œil humain puisse être frappé. On eût dit que la nature étalait à nos yeux toute sa magnificence pour en offrir le texte à nos entretiens.
Jean-Jacques Rousseau, « Profession de foi du vicaire savoyard », Émile.

Ouchy


Mercredi 19 septembre 2012, 19h. À Lausanne pour quelques heures, je descends jusqu’au lac pour le regarder et, éventuellement le photographier.


Jeudi 13 septembre 2012, 16h30, Polka Galerie, 12 rue Saint-Gilles, Paris 3e, exposition « Daido Moriyama : Hokkaido-Northern » (l’île Hokkaido, depuis quarante-cinq ans). Il y a chez Moriyama, une errance, une indépendance et une vigilance inimitables. Faire du Moriyama dans une galerie parisienne est peine perdue. Du Daido peut-être : un certain travers, une façon de laisser les choses comme elles viennent. Mais il se trouve que le Ricoh GR IV (son appareil actuel ?) comporte des niveaux électroniques. Le cliché sera donc rigoureusement vertical et centré, car c’est une loi de ce blog, appliquée quand on peut. Voir Osaka 1er juillet 2011.


Samedi 8 septembre 2012, 13h, 145 rue Saint-Honoré, Paris 1er, temple protestant (de tendance libérale) de l’Oratoire du Louvre. Ayant un peu de temps avant un rendez-vous près de la rue Jean-Jacques Rousseau, pour la première fois j’entre dans cette église. Construite entre 1621 et 1630 puis de 1740 à 1745, elle s’inspirait, comme Saint-Paul — Saint-Louis (ci-dessous), de l’église du Gésù de Rome. Il y a un mariage. Au moment de prendre la photo, j’entends qu’on me dit « Pas pendant la prière. ». Vingt secondes plus tard, le Notre Père est dit et je peux déclencher.


Samedi 1er septembre 2012, 18h25, canal Saint-Martin, Quai de Valmy, Quai de Jemmapes, Paris 10e. Après une période de canicule, il a fait frais jusqu’à ce matin. Mais l’après-midi est douce. Jamais vu autant de monde sur ces quais. Dans cette photo, dans ce cadrage, je compte près de cent personnes, dont les onze jeunes au premier plan, qui vont m’interpeller sur leur droit à l’image — et en plus ils sont mineurs. Si l’on regarde ce qu’a fait Chris Marker, photographier des personnes dans la rue ou le métro, le plus souvent à leur insu, dans une « tradition » qui a un repère incontesté (artistiquement), les portraits de voyageurs du métro ou de passants par Walker Evans, on peut dire que le droit et la jurisprudence sont variables. On peut aussi s’amuser à considérer que les personnes rassemblées par un événement public (ici, la célébration du soleil un samedi après-midi au bord du canal Saint-Martin à Paris) peuvent mériter de faire passer le droit à l’information avant le droit individuel à l’image.

Extrait d’un article de Tamara Bootherstone, avocat au Barreau de Paris
Lieu public : le droit à l’information prime, donc pas besoin de l’autorisation de la personne photographiée. Mais à une triple condition : La photo doit être prise 1) à l’occasion d’un évènement 2) constituant une information intéressant le public et 3) être publiée pour illustrer cet évènement précis. Les trois conditions sont cumulatives : si l’on reprend la photo prise lors de l’évènement pour illustrer un tout autre propos (un livre recueil de poésies par exemple ; ou un article de presse portant sur un tout autre sujet) alors l’exception ne fonctionne pas et il faudra l’accord de la personne pour publier la photo. La personne photographiée est concernée par le sujet : si elle est là par hasard et n’a rien à voir avec le sujet traité, il faudra son autorisation pour lier son image au sujet en cause. Respect de la dignité : la photo ne doit pas porter pas atteinte à la dignité de la personne photographiée. Le droit au respect de sa dignité est prévu par notre Code Civil en son article 16 : « la Loi assure la primauté de la personne, interdit toute atteinte à la dignité de celle-ci et garantit le respect de l’être humain dès le commencement de sa vie». Personnes mineures : pour les personnes mineures reconnaissables ou identifiables, il faudra obtenir l’autorisation des représentants légaux, le plus souvent les parents.


Reçu ce vendredi 31 août 2012 : le numéro 4 de La Couleur des jours, http://www.lacouleurdesjours.ch/, avec la rubrique « De l’album de jlggb ». Ce numéro publie aussi un extrait de mon texte « Les immobiles » (voir : «  Orly, juillet 1962  ») paru dans :


Andrea Urlberger (sous la direction de)
Habiter les aéroports – Paradoxes d’une nouvelle urbanité
Genève, MētisPresses, 2012
17 x 24 cm, 128 pages, 150 images, graphiques, plans, en couleurs
ISBN: 978-2-94-0406-49-4. Prix: 32 € / 42 CHF



Vendredi 13 juillet 2012, 18h30, la rue Soufflot (architecte du Panthéon) et le Panthéon, Paris 5e. Ayant retrouvé et numérisé une diapositive que j’avais prise en juillet 1962 (autour du 14 juillet, d’après les drapeaux), j’ai fait un voyage spécialement vers ce lieu (qui m’est devenu très familier) pour y prendre, sous la pluie, une photo comparable. Il y a un peu plus de voitures et plus de piétons. Quels progrès avons nous connus ? Peut-être celui-ci : ne plus croire au progrès général.


Samedi 7 juillet 2012; 23h50. On termine ici le cycle de quatre articles annoncé et commencé le 14 février 2012 (voir les billets Doisneau : http://jlggb.net/blog3/?s=doisneau), avec une photographie qui est, encadrée, sur le mur devant mes yeux depuis bientôt 30 ans, prise il y a 40 ans : Robert Doisneau, Place de Rungis, 1972 (collection JLggB, dr).

Je recopie ici des extraits de divers articles que j’ai publiés depuis :

J’avais interrogé Robert Doisneau sur ses premières photographies, celles dans lesquelles il s’est reconnu photographe, celles qui lui ont permis d’assumer sa timidité. Ce sont des images du pavé devant lui, sur le trajet de l’école ou de la traversée de la Banlieue vers Paris. On connaît la place prise par le pavé parisien dans l’œuvre de Doisneau. Je m’étais amusé à nommer hypothèse de l’hypoténuse (voir le billet du 28 juin 2009 : http://jlggb.net/blog/?p=4070) cette  façon initiatique qu’a tout photographe d’enregistrer l’image du sol qui est devant lui. Cela procède de la vérification de l’appartenance de soi au monde que l’on construit par la saisie, de l’inclusion du dispositif de prise de vues à la vue elle-même, de la solidité de l’image résultante. J’avais signalé, dans un article sur ses photos de la Libération de Paris  (« Robert Doisneau, Paris, août 1944 »,  La Recherche photographique, Paris, juin 1989), comment, avec les barricades, le sol pavé qui est sa scène, se soulevait, se dressait jusqu’à la frontalité qui est l’autre modalité de la position du preneur de vues, celle par exemple d’un Walker Evans.

Quitte à infléchir la réalité de son travail, j’affirmais que Robert Doisneau était un photographe des lieux, plus que des gens. Je découvrais que ses choix se portaient d’abord sur des scènes, non pas au sens de l’action, mais au sens de l’espace pour un drame possible, un théâtre où des acteurs viendraient trouver leur place. Au demeurant, Robert Doisneau ne contredisait pas cette observation lorsqu’il déclarait que sa méthode consistait à attendre que des personnages viennent déclencher la prise de vue, se prendre eux-mêmes dans l’espace cadré. La plupart des images de Doisneau peuvent être analysées en ces termes, y compris Les Enfants de la place Hébert (1957) où se construisent des relations de forces et de regards qui incluent le photographe lui-même.

J’insistais donc, d’accord en cela avec Jean-François Chevrier (Robert Doisneau, Belfond, Paris, 1983), sur le caractère « pathétique » de sa photographie. La filiation avec l’œuvre d’Eugène Atget, dont on connaît qu’elle a inspiré à Walter Benjamin la célèbre formule « théâtre du crime » est évidente si l’on veut bien reconnaître des photographies comme cette Place de Rungis (1972) pour laquelle je manifestais un tel engouement « théorique » que Robert Doisneau me l’offrit en 1983.

De cette photo, disons simplement qu’elle est, exceptionnellement chez Doisneau, faite avec une chambre de grand format, et donc particulièrement nette dans ses détails et dans sa profondeur. Les maisons sont de simples façades en arc de cercle, aux angles de rues fuyantes, comme dans un décor de cinéma à la Trauner et le ciel gris est un vélum théâtral. À cette heure donnée par l’horloge centrale, la place est vide, mais le sol, quadrillé finement par les pavés, à la fois conserve les traces de passages et appelle la présence, comme repérée dans un système de coordonnées, de personnages et d’événements, de « crimes ». Car j’avais pris l’habitude, à partir de là, de désigner par « crime » tout ce qui pouvait faire office de déclencheur d’une photographie, ou encore le potentiel de moments distincts qu’avait connu ou que pourrait connaître un lieu particulier.


Robert Doisneau, Libération de Paris, 1944 (dr).


Robert Doisneau, Les Enfants de la Place Hébert, 1957 (dr).

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