Objets

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rouleau branly
Samedi 31 août 2013, 18h40, Musée du quai Branly, exposition permanente.

Rouleau de monnaie tevau, Îles Santa Cruz, début du XXe siècle. Plumes de pigeon, plumes de muzomela cardinalis, fibres d’hibiscus, écaille de tortue, coquillages, perles de verre. D’une longueur proche de dix mètres, cette monnaie est constituée de centaines de plumes collées en plaquettes, fixées sur une trame de fibres tressées. Elle servait, entre autres, à l’achat d’une épouse. Sa valeur se mesurait à son effet rougeoyant. [Cartel]

alep branly
Samedi 31 août 2013, 18h20, Musée du quai Branly, exposition permanente. Manteau de femme qombaz, Syrie, étoffe tissée à Alep, satin ikaté, soie, coton (l’ikat est un procédé de teinture partielle appliquée aux fils avant tissage) : raffinement et technique ancienne savante. Longtemps j’ai imaginé aller visiter la ville d’Alep dont le centre historique a été classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco en 1986.

panna cotta U
Mardi 27 août 2013, 23h30, 93bis. Rien de politique cette fois (« Enfin un dessert normal ! » du 6 mai 2012 traitait du Flanby). Une manière, libre de toute métaphore, de rentabiliser le dispositif des sardines, qui est resté en place. La Panna cotta, sur lit de caramel vient de la supérette U voisine (2,35 € les deux). L’assiette creuse en porcelaine est de Jasper Morrison pour A di Alessi.
« Prendre la nourriture en photo pourrait être la manifestation d’un véritable problème psychologique », cette affirmation de Mme Valerie Taylor, chef du service de psychiatrie au Women’s College Hospital à l’université de Toronto, a été relayée par tous les médias au mois de mai dernier, par exemple par un article du HuffPost. Un site, lancé en mars 2012, avait proposé d’augmenter le phénomène en collectant sur Tumblr les Pictures of Hipsters Taking Pictures of Food. Autre constat, relevé au hasard de Google : http://www.amelie-broutin.com/2012/01/03/le-mystère-de-la-bouffe-sur-facebook/. La question avait été signalée le 27 mars 2011 dans le billet « Minimalisme alimentaire ». Sans entrer dans l’analyse de cette pratique de masse (la population de ceux qui ont à manger tendrait à coïncider avec celle de ceux qui ont toujours un appareil sur eux), que chacun peut constater, j’y vois le degré zéro d’« alimentation du blog ». Ce que j’ai devant moi pour le manger est la preuve de mon existence. Le photographier est une manière, pas uniquement narcissique, de l’ingérer tout en le donnant à voir. Philippe Lejeune a souligné que Le Pacte autobiographique (Seuil, 1975) se définit par le type de lecture qu’engendre l’autobiographie. Dès 2000, avec « Cher écran… ». Journal personnel, ordinateur, Internet (Seuil), il analyse l’apparent paradoxe du cyberdiariste pour qui le web est un dispositif intime d’écriture. Je le constate, le couple technique photo mobile et journal partagé en réseau est insatiable.

epissure
Dimanche 25 août 2013, 18h, 93bis. Pour introduire les fils électriques dans la gaine qui sera elle-même introduite dans le doublage des murs, il faut trouver une tactique d’accrochage au fil d’acier qui ne produise pas de surépaisseur. C’est à ce prix seulement que les trois conducteurs de 2,5 mm2 de section, qui sont de récupération et donc difficiles à redresser, pourront être tirés dans le tube en plastique annelé de 20 mm de diamètre, sur quelque 4 mètres de longueur.

sardine boite
Samedi 24 août 2013, 23h30, 93bis. Les sardines en conserve sont à la mode. On parle des 200 ans des conserveries bretonnes, des « sardines de garde », des « sardines millésimées », etc. Cet été, long reportage dans l’émission Capital, article dans Le Monde Magazine, clip publicitaire sur « C’est extra » de Léo Ferré (les fans se sont offusqués, oubliant deux choses : qu’en 1969 Ferré surprend en déplaçant un mot dont use la publicité; et qu’extra appartient au vocabulaire culinaire). De mon enfance, une chose est restée dans un coin de ma tête, un malaise non éclairci : on nous citait un restaurant de grand luxe (Pic à Valence) où l’on pouvait commander des sardines en conserve, mais qu’alors elles étaient servies dans leur boîte. Je prenais ça pour du cynisme, une façon pour le restaurateur de se moquer du pauvre client, ou alors pour du snobisme de la part du client. J’ai vu depuis que, par exemple chez Lipp, on vous les sert dans leur boîte renversée sur une assiette. C’est peut-être cette histoire de High and Low qui m’intéresse et qui réveille la poétique de la boîte de sardine. La marque Connetable insiste sur sa boîte rouge. On voit qu’elle devient un cadre, d’autant que l’opération de mise en conserve est une mise à plat. Avant même d’être photographiée, c’est une image. C’est remarquable dans les photos de Wols, cette mise à plat relève de la pesanteur. On est bien obligé, sinon l’huile coule.

wols sardines clair
Wols (1913-1951), photographie non datée (probablement à Paris vers 1937, pendant la guerre, à Dieulefit, Wols n’avait pas d’appareil) prise dans le livre : Laszlo Glozer, Wols Photograph, Schirmer/Mosel, Münich, 1978, pl. 69 et Wols Photographe, Centre Georges Pompidou, 1980, pl. 69. [dr]

silvoz-chrono
Samedi 17 août 2013, 19h30. Sur mon étagère, il y a, depuis les années 70, ce compte secondes (et aussi centièmes de minutes et minutes) mécanique — on peut le nommer chronomètre — de la marque Silvoz, Made in Germany. C’était un classique des laboratoires de photographie où il fallait exposer et développer selon des durées relativement précises. Le temps « déguisé en mouvement » (Étienne Klein), c’est ce que montrent les montres. Pour nos opérations à la rencontre du faisceau lumineux et des bains chimiques, l’observation des aiguilles et l’écoute du tic-tac donnait une dimension souple, libre et littéralement manuelle au contrôle du temps. Ce n’est pas une horloge. Aujourd’hui, le comptage numérique du temps est inscrit dans un vaste synchronisme universel. L’heure s’est infiltrée partout. Elle s’affiche et s’impose sans vergogne.

hanako silvoz 2013 06 24
Complément :
Un tel appareil est encore en usage, comme en témoigne cette photo du blog d’Hanako, qui fait des recherches sur le croisement des nouvelles techniques photographiques et des anciennes.

table palette
Vendredi 16 août 2013, 12h12, 93bis. Cette table ronde métallique et pliante fut d’abord un objet plutôt luxueux et rare, un objet « design » acheté pour se faire plaisir il y a bientôt trente ans : table Cumano d’Achille Castiglioni, 1978, éditée par Zanotta (Nova Milanese). À l’usage, sa laque noire s’est écaillée et elle a commencé à rouiller. Mais, depuis qu’elle est dans l’atelier d’Étienne, elle se transforme en palette — elle est d’ailleurs déjà signée.

aix-anchoix
Lundi 5 août 2013, 2h du matin, Nice-Savoie. À cette heure, l’envie de manger quelque chose de spécial peut se manifester. La petite boîte (32 grammes) d’anchois, de chez Monoprix, est marquée « Conserveries provençales », « Fabriqué au Maroc ». L’idée me vient de la placer sur une assiette rectangulaire, de chez Muji, en porcelaine hakuji (Kyushu, Japon), signée non officiellement par Masahiro Mori, le designer de Hakusan. Mais c’est le contexte qui peut expliquer ce geste : je regarde sur Arte, pour la deuxième fois le même jour car cet après-midi je dormais à moitié, un film sur Mondrian et un autre sur le mètre étalon.

pierre-classeurs
Samedi 13 juillet 2013, 18h, 93bis. Lorsque l’on regroupe les classeurs à tiroirs Bisley (un classique du design anglais), la prise du téléphone empêche de rapprocher le quatrième, sur lequel se trouve habituellement posée la « pierre » en mousse de polyuréthane de Piero Gilardi, un cadeau qu’il nous fit au début des années 90 (voir : Petit manuel d’expression avec la mousse polyuréthane et 9 octobre 2009). Mais l’espace entre les deux meubles métalliques retient très exactement cet objet légèrement élastique. Nous avons là la conjonction entre une authentique œuvre de l’Arte povera et une allusion à l’art conceptuel (Art & Language, par exemple), qui renvoie en outre, si l’on considère la présence de l’électricité, à Giovanni Anselmo (Voir : 5 septembre 2009). Le tapis chinois figure les attributs du lettré.
Son exposition en 2012 au Castello di Rivoli :
http://www.castellodirivoli.tv/video/piero-gilardi-effetti-collaborativi-1963-1985/

clematis-flacon-bleu
Lundi 20 mai 2013, 16h30, Nice-Savoie. Cette jolie composition ne doit rien à l’art de l’ikebana — ou bien, au contraire, permet de l’approcher. Une fleur de clématite cassée placée dans une bouteille de verre bleu devant un mur blanc. Si c’est joli, c’est peut-être par la rencontre de choix qui, chacun, se voulaient jolis. Voir : http://jlggb.net/blog3/?p=7153.

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