Mardi 19 septembre 2012, 14h30, Genève, 24 rue Voltaire, près de l’École, salon de thé Chez Cartier, où nous avons nos habitudes, Daniel P., Daniel S. et moi, pour prendre un « ramequin » et un jus de pomme maison. La serveuse — il me semble qu’elle est nouvelle — nous dit : « Vous me faites signe pour les express quand vous les avez envie .» Formule assez jolie. Est-ce un lapsus ou un idiotisme genevois ?
Catégorie : Entendu
Entendu : archi méga plus
« Le travelling, je l’ai archi méga plus que rentabilisé. »
Mardi 4 septembre 2012, 20h50, rue Claude Tillier, Paris 12e. Deux hommes plutôt jeunes, de la catégorie professionnel bobo.
Entendu : mōshiageru, 申し上げる, disparition du je
Yoko Tawada (traduction du japonais lors du dialogue avec Michel Deguy le 18 mars 2012 au Salon du livre, voir l’article précédent) dit :
« La singularité de la langue japonaise fait que, pour dire moi, il n’existe pas un seul mot mais une multitude de mots qui varient en fonction de la relation que l’on instaure avec la personne à qui l’on parle et qui change aussi en fonction des degrés de politesse que l’on va utiliser. Le je en japonais ne peut être conçu dans une expression que comme un mode de relation à l’autre et n’est pas du tout conçu comme quelque chose d’individuel, coupé du rapport à l’autre. »
« C’est très spécifique du japonais pour ce qui est de l’expression du sujet, ou de la subjectivité : l’un des mots que l’on peut utiliser, c’est watashi, qui correspond à je, mais, grammaticalement parlant, on n’est absolument pas obligé d’utiliser ce je comme sujet dans la phrase. En fonction du contexte de la phrase, le rapport entre moi et l’autre, ou les autres, va être exprimé par le recours à certaines formes verbales de politesse qui indiquent à quelle place on se situe par rapport aux autres. Même si on ne parle pas de soi, le je est déjà là dans le rapport à l’autre, en dehors de toute expression par un pronom personnel. »
« Je peux donner un exemple concret : pour dire « je vous parle », on ne va utiliser en japonais ni je, ni vous, on va utiliser le verbe mōshi, qui veut dire parler et un suffixe verbal, ageru, qui indique que l’on est dans une position inférieure et que l’on s’adresse à un supérieur. Dans cette forme verbale sont inclus déjà à la fois le je et le vous, et les rapports entre deux personnes. On pourrait dire, un peu abruptement, que je n’existe pas, que vous n’existe pas, que la seule entité qui existe est simplement le rapport entre moi et vous. »
Entendu : Pierre Bergounioux sur Rousseau
« Nous n’avons que quatre philosophes […] Or ils présentent tous cette particularité de parler à proximité immédiate de la vie. »
Vendredi 20 janvier 2012, 18h30, Chambéry, salle du Manège, ouverture de l’année Rousseau avec plusieurs discours. Pierre Bergounioux, écrivain, fait, sans notes, une belle intervention en forme de leçon dont on peut écouter l’enregistrement ci-dessous :
Entendu : mercredi éducatif
« On va aller au mac do ?
— (…)
— Tu n’aimes plus le mac do ?
— Si.
— Avec du bacon, de la salade, du ketchup. »
Mercredi 7 décembre 2011, 12h15, bus 86, Faubourg Saint-Antoine, vers Ledru-Rollin. Un père à sa fille (environ 10 ans).