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Dimanche 3 mars 2013, 10h, le livre de Lucy Lippard dont il est question dans le billet précédent, Six Years : The Dematerialization of the Art Object from 1966 to 1972, publié en 1973, ici en version paperback, University of California Press, 1997. Dès la couverture, tout est dit, ou presque.







Cet article est le 300e de jlggbblog3 (depuis le 1er décembre 2011). Jeudi 25 octobre, 23h50. Les précédents articles, « Daido Moriyama » du 1er juillet 2011 : http://jlggb.net/blog2/?p=6144 et « Moriyama à la Daido » du 13 septembre 2012 : http://jlggb.net/blog3/?p=3815, montraient le célébrissime Moriyama du noir et blanc. Entre 2008 et 2012, à Tokyo, il a pris quelque 30 000 photographies numériques en couleurs. C’est une telle rupture que sa sélection de 191 images peut se titrer Color (publié en 2012 par Getsuyosha). Un tour de force de radicalié : le livre proprement dit (hors jaquette et bandeau) ne comporte aucun mot ni numéro (en dehors des photos elles-mêmes).





Lundi 1er octobre 2012, 23h50. Catalogue KunstLichtKunst, de l’exposition du Stedelijk van Abbemuseum d’Eindoven, 25 septembre — 4 décembre 1966. Ressorti de la bibliothèque à l’occasion de la préparation de l’exposition « leurs lumières », cet exemplaire me fut donné par Frank Popper au début des années 80. Popper est l’auteur de la longue introduction qui préfigure tout le travail historique et esthétique qu’il va faire sur l’art cinétique, notamment pour Licht und Bewegung à la Kunsthalle de Düsseldorf en 1966 et pour Lumière et mouvement au Musée d’art moderne de la Ville de Paris en 1967. Ce très bel ouvrage (format 23 x 26, 150 pages) comporte des textes en plusieurs langues des artistes ou groupes d’artistes et documente ainsi Takis, Enzo Mari (que je vois en 1968 à Grenoble pour Cinétisme-Spectacle-Environnement) ou Robert Indiana (vu à Art Frieze en 2008). Le titre est un jeu de mots en allemand puisque Kunst = art, Licht = lumière, kunstlich = artificiel, Kunstlicht = lumière artificielle ou tungstène. Pour accroître cet effet, le titre est écrit sur la couverture en quart de cercle : KunstLichtKunstLichtKunstLichtKunstLichtKunstLichtKunstLichtKunstLichtKunstLichtKunst, à la manière de « A Rose Is A Rose Is A rose » (Gertrud Stein) ou du casinocasinocasinocasinocasinocasinocasinocasino autour des assiettes publicitaires du magasin Casino de notre enfance.

 



Dimanche 12 août 2012, 16h. Peut-être le plus beau livre de la bibliothèque : Gerhard Richter, Atlas der Fotos, Collagen und Skizzen, Lenbachhaus, München, Oktagon Verlag, Köln, 1997, d’après l’exposition de la Städtischen Galerie im Lenbachhaus, Münich, du 8 avril au 21 juin 1998, 240 x 335 mm, 390 pages. Cette édition « rarissime » se termine avec la planche 633. La version en ligne, sur le site de Gerhard Richter, finit avec la planche 783. La version livre actuelle, Thames & Hudson, London, 2006, comporte 864 pages. Il était dans la logique de la démarche de Richter que de mettre en ligne son Atlas. Si le livre est une œuvre à part entière, le site lui-même constitue une œuvre sans équivalent. Il y a aussi, dans la bibliothèque, la version précédente, de 1989, 234 pages. Le lutrin en métal laqué noir est d’Achille Castiglioni (1918-2002), édité par Zanotta (1975).


À voir absolument, le site « officiel » de Gerhard Richter : http://www.gerhard-richter.com


Dimanche 22 juillet 2012, 18h. Il fait beau, on aurait pu sortir ou regarder l’arrivée du Tour de France à la télévision. Mais j’ai achevé la lecture d’un livre terrifiant et fascinant : Richter, peintre d’Allemagne – Le drame d’une famille, de Jürgen Schreiber, aux Presses du réel, traduit par Mariette Althaus, 2012, publié en allemand en 2005,  Ein Maler aus Deutschland. Gerhard Richter. Das Drama einer Familie, Munich, Pendo-Verlag. Cette enquête obstinée, aux enchevêtrements historiques et personnels inconcevables, tourne autour du tableau de Gerhard Richter, Tante Marianne, 1965. Disons simplement qu’on y apprend, comme le peintre lui-même tardivement, comment la tante du peintre, que l’on voit à l’âge de 14 ans tenant son neveu de quelques mois, en 1932, a été diagnostiquée « 14 » par la médecine nazie, comment elle a été stérilisée, puis euthanasiée en 1945, par le chirurgien et gynécologue, haut gradé SS, qui deviendra le beau-père de Richter (le nu qui descend un escalier est sa fille, la jolie petite Betty est sa petite-fille). Au sortir de ce livre, on ne peut plus suivre ceux qui prétendent ignorer la biographie pour comprendre l’œuvre. Richter dit : « Mes tableaux sont plus intelligents que moi. » (p. 228).


Gerhard Richter, Aunt Marianne, 1965, huile sur toile, photographiée le dimanche 8 juillet dans l’exposition Gerhard Richter, Panorama au Centre Pompidou.



Samedi 21 avril 2012, 16h, Jeu de Paume, Paris. Entrelacs, exposition des photographies de Ai Weiwei. Un peu trop référencée aux diverses approches de la photographie contemporaine pour être intéressante artistiquement. À prendre comme affirmation d’un parcours biographique libre, courageux, contestataire, utile.
De la bibliothèque : Ai Qing (艾青), Poèmes, Éditions en langues étrangères, Beijing, 1980. Avec l’autographe : « Ai Qing, le 21 juin 1980, Paris ». Le père de Ai Weiwei, poète révolutionnaire, né en 1910, étudiant en France de 1929 à 1932, compagnon de Mao à Yan’an, déporté dans le Nord-Est puis dans le Xinjiang avec sa famille de 1958 à 1978. Nous l’avons rencontré à Paris en 1980. Il est mort en 1996. On entend monument comme au temps de Rousseau : documents.

Voir, à propos de Ai Weiwei, sur ce blog :
http://jlggb.net/blog2/?p=7439
http://jlggb.net/blog2/?p=5921
http://jlggb.net/blog2/?p=4770
http://jlggb.net/blog2/?p=2470
http://jlggb.net/blog/?p=6081
http://jlggb.net/blog/?p=5998
http://jlggb.net/blog/?p=491


Dimanche 26 — lundi 27 février 2012, 4 heures. Je viens de revendre la première édition en trois volumes des Œuvres complètes de Roland Barthes — d’une présentation trop sophistiquée et devenue incomplète — pour acheter l’édition en cinq volumes, plus basique, plus conforme. Les livres ayant été lus, c’est dans les articles et entretiens que je trouve des lectures faciles et fragmentaires, sans faire attention aux dates*. Ça porte sur la lecture et sur l’écriture (et Barthes n’écrivait qu’à la main). Mais je passe quand même tout mon temps sur l’écran.
* Par exemple, tome V, page 678, dans « Délibération », un texte de 1979 paru dans Tel Quel, sur l’utilité littéraire de tenir un journal, je relève :

« Le Journal ne peut atteindre au Livre; il n’est qu’Album. […] L’Album est collection de feuillets non seulement permutables (ceci encore ne serait rien), mais surtout suppressibles à l’infini. »


Mardi 31 janvier, 1h50. Voilà un livre que j’aime, pas seulement parce que c’est un bel objet, témoin de ce que peut être un livre, mais pour ce qu’il représente. Die Gediechte von Bertolt Brecht, 1400 pages, édité par Suhrkamp (très grand éditeur), à Francfort, en 1990 (sixième édition), imprimé et relié à Stuttgart. Le volume fait 38 x 95 x 150 mm, il est relié en toile fine rouge sombre. Je n’ai pas besoin de me réclamer du titre de Pierre Bayard, Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ? Minuit, 2007. Je ne peux pas le lire, seulement tenter de le déchiffrer. Mais ça aussi me plaît, car j’aime cette langue. Je soupçonne que, chez Brecht, ce n’est pas la poésie qui m’intéresse. J’ai aimé ses chansons — qui sont publiées dans ce recueil. Mais c’est du théâtre. Et j’ai lu en traduction pas mal d’écrits théoriques. Je relève cette phrase : Es ist mir gleich, ob diese Welt Mich liebt (Ça m’est égal que ce monde m’aime). Et je ne le crois pas. Ce volume, qui a quelque chose d’une bible, je l’ai acheté à Berlin dans la maison de Brecht, Chauseestraße 125, le 24 juillet 1992.
voir : http://jlggb.net/blog/?p=204 et http://jlggb.net/blog/?p=5382


Des archives : photographies inédites (ou non) dans leur cadrage original, Avignon 1967, suite. Maurice Béjart au Verger d’Urbain V au tout début août 1967. Photo ©jlggb 1967. Cette photo sera publiée dans le carnet-programme N°1 de la Maison de la culture de Grenoble pour son inauguration en février 1968. En juillet et août 1967, je photographie plusieurs spectacles et leurs répétitions. Les Ballets du XXe siècle de Béjart créent Messe pour le temps présent.


Interview de Maurice Béjart à propos de Messe pour le temps présent. Journal télévisé du 4 août 1967. 3mn 10s. Archives INA. (J’assistais à cette répétition.)



Reliant Béjart et Godard (et quelques moments dont je me souviens), cette page du récent livre d’Anne Wiazemski, Une Année studieuse, Gallimard, 2012. Voir aussi : Jean-Luc Godard au Verger d’Urbain V. Samedi 14 janvier 2012, 23h59.