Vendredi 17 juin 2011, midi. Aix-les-Bains, magasin Filhol, déjà remarqué le 23 avril 2011 pour ce même type de rideau-écran, mais sur une autre vitrine (voir : http://jlggb.net/blog2/?p=5068). Cette fois, placé à l’extérieur, on le voit comme un « rideau brechtien ». Le V-Effekt, Verfremdungseffekt — effet de distanciation ou d’étrangeté — de Brecht (voir : http://jlggb.net/blog/?p=204) trouve l’un de ses instruments dans un certain type de rideau, un rideau de théâtre qui est placé sur la scène elle-même, sans la fermer, et qui participe à la dramaturgie et contribuant à dire, à un moment déterminé : « c’est du théâtre ». Ouvrir et fermer un tel rideau — d’un tissu très concret et léger, lancé à vue par un acteur, il circule rapidement sur un fil horizontal très tendu —, c’est comme ouvrir et fermer une parenthèse, pour y placer, par exemple, un acteur qui s’adresse au public, un intermède chanté, ou bien une scène fragmentaire et naturaliste, une citation. Une suggestion : si c’était un écran et non un rideau, il faudrait le fermer pour dire : « ça c’est du cinéma ». Au demeurant, sur une scène, le rideau brechtien reçoit parfois une projection de film.
Mais, rue de la Dent du Chat, le rideau est certainement là pour protéger du soleil des marchandises qui se trouvent être, elles aussi, des rideaux — et d’autres tissus. Sa fonction serait-elle de dire : « ce n’est que du commerce » ?
Remarque : un tel rideau doit se regarder (et se photographier) de biais.
Note : ce que je dis là repose sur le souvenir d’une « leçon » pratique de brechtisme reçue de Gaston Jung lorsque j’ai travaillé avec lui à Strasbourg et à la Chaux-de-Fonds en 1968-1969 (L’importance d’être d’accord de Brecht, Quinze rouleaux d’argent, pièce chinoise classique adaptée par Günther Weisenborn).
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[flv:http://jlggb.net/blog2/wp-flv/FD7-1969.flv 480 380]©JLggB-1969. D’après super 8 kodachrome, 6mn 36s, muet.
Première publication d’archives de travaux. Numérisé aujourd’hui (samedi 20 février 2010), le film super 8 intitulé FD7 – Deux manières de prendre des notes, fait partie d’une série de « films didactiques » réalisés en 1969. Le principe du « didactique » est emprunté à Brecht. On en retient : théâtralisation et distanciation, interprétation laissée au spectateur, rigueur formelle. Ici, le modèle de la leçon entre dans le film et rencontre la structure en diptyque que se fixent les premiers films didactiques. Les deux séquences s’appuient d’une part sur un fait d’observation, un homme handicapé dans un café, et d’autre part, en contrepoint, sur une conférence (en langue allemande) ayant trait au théâtre épique. Les rôles des deux personnages successifs à la table sont tenus par Gaston Jung, professeur à l’école du Théâtre national de Strasbourg, metteur en scène et directeur du théâtre d’essai Les Drapiers. Le tournage a lieu au TNS au printemps 1969.