Censure aux Beaux-Arts (ou l’ordre des mots)


Vendredi 12 février 2010, 18h 15, hall de la galerie de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts, Paris. Siu Lan Ko, artiste chinoise invitée de l’exposition Le week-end de sept jours, a vu son œuvre retirée de la façade de l’école. À l’heure du vernissage, elle est interviewée par des radios et télévisions, comme par de nombreux visiteurs.


Détail du catalogue Le week-end de sept jours, éditions Beaux-Arts de Paris. L’œuvre de Siu Lan Ko consiste en deux banderoles recto-verso où sont inscrits les mots : gagner, moins, plus, travailler.

Le site de Siu Lan Ko : http://www.kosiulan.net/


Siu Lan Ko, Sign, 2008, projet en cours

Note, dimanche 14 février 2010  : En chinois, le nom de l’artiste est ???, Ko Siu Lan (nom de famille devant le prénom). Mais , dans le contexte occidental, elle semble adopter Siu Lan Ko, comme le catalogue, qui emploie malgré tout aussi Ko Siu Lan, et Siulan Ko (le prénom étant rassemblé, comme c’est aussi la pratique de la transcription pinyin). À ce propos, en pinyin, le nom ??? s’écrit : G?o Xi?olán.
Cherchant récemment les ouvrages consacrés à Ai Weiwei — voir : http://jlggb.net/blog/?p=5998 —, dans l’une des plus grandes librairies d’art du monde, Walther König à Berlin, je les ai trouvés pour une part à la lettre A, pour l’autre à la lettre W.
Citation : « Certains médias, dont des bien en vu, en sont à ignorer qu’en Asie, le nom de famille se place en premier devant le prénom. » Anne Cheng, 11 décembre 2008, Leçon inaugurale du Collège de France.
Maintenant que les choses rentrent d’en l’ordre (le ministre de la culture ayant eu des mots en faveur d’un ré-accrochage de l’œuvre sur la façade des Beaux-Arts), on peut s’attacher à l’ordre des mots (et aux mots d’ordre ?) et des caractères, s’inspirant en cela de l’œuvre elle-même : « travailler moins pour gagner plus », par exemple.

Deuxième note : dans le buzz provoqué ces derniers jours par l’affaire, il y a beaucoup de propos haineux contre la Chine, les Chinois, et contre l’art contemporain. Je relève une chose : on s’offusque qu’une Chinoise donne des leçons de démocratie et de liberté. On dit aussi qu’elle n’est pas chinoise, étant de Hong Kong. Il y a certes une différence entre Pékin et Hong Kong, mais Hong Kong, avec un statut particulier, est rattachée à la Chine depuis 1997. Ko Siulan est née à Xiamen, province du Fujian, elle réside aussi à Pékin.