1957

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Mythologies Roland Barthes, édition illustrée par Jacqueline Guittard, parue le 14 octobre 2010, Paris, Le Seuil (EAN13 : 9782021034479), 256 p., 39 €.
J’ai lu pour la première fois Mythologies dans une édition parue en 1963, que j’ai gardée. L’exemplaire sur la photo est probablement l’édition originale, imprimée en mars 1957. Je l’ai acheté pour quelques francs aux puces de Plainpalais à Genève, le 10 juillet 1999. À côté de moi, Jean Starobinski consultait aussi les livres d’occasion.

Mythologies se termine ainsi :

Il semblerait que nous soyons condamnés pour un certain temps à parler toujours excessivement du réel. C’est que sans doute l’idéologisme et son contraire sont des conduites encore magiques, terrorisées, aveuglées et fascinées par la déchirure du monde social. Et pourtant c’est cela que nous devons chercher : une réconciliation du réel et des hommes, de la description et de l’explication, de l’objet et du savoir.
Septembre 1956

Julia Kristeva, extrait d’un article du Monde, « Autour des Mythologies de Roland Barthes », 12 octobre 2010 :

Jugement ? Révolte ? Nausée ? Non. La vigilance de l’ironie, plutôt : version élucidée du goût. Et cette délicate étrangeté aux conventions sociales, où se tient le style (« dimension verticale et solitaire de la pensée ») devenu une écriture (« acte de solidarité historique »). Une voix qui révèle, sous le futur sémiologue, le romancier freiné et le tragédien pudique […]. Aucune « déclinologie » pourtant dans ces démystifications. Quand il déplie les significations figées en mythe et déstabilise tout « arrêt sur image » par une cascade d’interprétations où le sens côtoie le non-sens, c’est la « profondeur du langage » que Barthes cherche, réhabilite et savoure avec un bonheur contagieux. Il n’y aurait pas d’autre solution à la menace des croyances absolues, des idéologies totalitaires, du nihilisme ? Tel est le sens de son a-théisme : face aux mythes opaques des uns et à la perte du sens des autres, « la question posée au langage par le langage » peut retourner « la carence du signe en signe ».

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