Vendredi 1er juillet 2011, 12h-13h, Osaka, The National Museum of Art. Grande rétrospective (400 photographies) de Daido Moriyama (Né ici à Osaka en 1938, voir son site officiel : http://www.moriyamadaido.com/english/#), très grand photographe. On ne peut pas photographier dans le musée. Le iPhone est sollicité pour agir clandestinement et ça donne ça : une gardienne imperturbable dans un coin de chaque salle; cette vue malgré tout, dans une vitrine, de l’appareil fétiche, le Ricoh GR Digital. Les gens au courant — dont je fais partie — ont ce Ricoh (Voir : http://www.ricoh.com/r_dc/fr/gr/gr_digital3/). Des vidéos le montrent au travail, il court littéralement à droite et à gauche l’appareil à la main, porté parfois à l’œil. On découvre des photographies en couleurs, de grand format, récentes. Mais ce sont les livres qui sont les plus intéressants. On en parlera par ailleurs.
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Le flyer de l’exposition : Daido Moriyama, On The Road, Osaka, The National Museum of Art, 28 juin-19 septembre 2011.
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Vendredi 24 juin 2011, 15h-17h, installation du « dispositif performatif et relationnel » Les Vigilambules de Daikakuji dans la grande salle de prière du temple Daikakuji au nord-ouest de Kyoto (voir : http://www.daikakuji.or.jp/english/), pour l’exposition Out of Place (avec Jean-Luc Wilmouth et Ange Leccia) dont l’inauguration est lundi 27 juin.
INFORMATION
Cette expérience fait l’objet d’un blog particulier : « Chronique de projets » http://www.vigilambule.net/blog/
Dimanche 19 juin 2011, 11h30-13h30, Musée d’Orsay, Paris, exposition Manet, inventeur du Moderne. Pourquoi ne peut-on pas photographier les œuvres de Manet (et rien d’autre dans ce musée) ? Pour protéger les droits des photographes habilités ? Dommage. Peut-être même scandaleux. Pour contredire ça, voir le site du Musée d’Orsay et les nombreuses et bonnes reproductions disponibles : http://www.musee-orsay.fr/. C’est que, pour raconter cette visite, il faudrait actionner des images autant que des mots. Photographier des détails, faire des rapprochements. Il est vrai que les images ne seraient pas nécessairement des « reproductions » des peintures, pastels et dessins d’Édouard Manet (et aquarelles, celles qui sont sur des lettres, très belles). Au moment de partir du 93bis, une photo très rapide des pêches qui sont sur la table, avec l’idée de compenser ce qu’on ne pourra pas prendre. Au retour, l’intention d’approcher le sensitif, l’incisif, l’intensif perçus chez Manet, l’apparente simplicité du Citron, déjà vu fin 2000 dans l’exposition Manet. Les natures mortes, dans le même musée : « Le citron, qui revient comme un leitmotiv dans l’œuvre de Manet, en référence à la peinture hollandaise du XVIIe siècle, apparaît ici dans toute son individualité, comme un sujet de pure délectation d’une modernité éblouissante. » Moderne ? On croît avoir tout dit. Mais encore ?
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Au retour, cette pêche, j’ai essayé de la décadrer, de la prendre de loin, comme par inadvertance, de la placer sur une assiette grise incertaine. Au mieux, une photo pour fiche de cuisine. De la présence haptique, certes, mais rien de cette « maladresse », de la proximité et de la distance combinées qu’on admire chez Manet. À ce jeu, la peinture est inégalable. D’ailleurs, Manet est un peintre d’histoire, un peintre politique. Voir L’Évasion de Rochefort, mais aussi Berthe Morisot au bouquet de violettes : «Le portrait, que vous avez de Berthe Morisot en 1872, c’est un portrait de deuil de la Commune et, en même temps, l’espérance ! » (Philippe Sollers, L’Infini, printemps 2011). Le citron de Manet, ses poires, ses pêches, ses asperges, ses fleurs, ce sont des actes de peinture — comme on dit des actes de langage — qui transforment le réel.
Édouard Manet, Le Citron, 1880 (14 x 22 cm), Musée d’Orsay, © photo musée d’Orsay/rmn.
Édouard Manet, L’Évasion de Rochefort, 1881 (143 x 114 cm), Kunsthaus, Zurich, (dr).
Édouard Manet, Berthe Morisot au bouquet de violettes, 1872 (55 x 40 cm), Musée d’Orsay, © photo dist. RMN-Patrice Schmidt (Libération).
Samedi 18 juin 2011, 15h32, des centaines de papillons ont été lancés à l’intérieur de la sculpture d’Anish Kapoor au Grand Palais, pleine de monde. Sur l’œuvre, voir : http://jlggb.net/blog2/?p=5332
Le gouvernement français, comme l’Union européenne, comme la plupart des directeurs des grands musées internationaux, ont dénoncé l’arrestation arbitraire de Ai Weiwei le 4 avril 2011. Anish Kapoor lui a dédié Leviatan son œuvre monumentale au Grand Palais, demandant une protestation radicale : http://next.liberation.fr/culture/01012336615-il-faut-une-greve-des-musees-pour-ai-weiwei. Cependant, on ne trouve aucune mention de cette dédicace au Grand Palais. Si l’on pose la question aux médiateurs, ils disent : « On a déjà eu des annulations de Chinois… » et « Le Ministre n’a pas souhaité… ». On est en droit de poser la question, au sein même de l’œuvre de Anish Kapoor : 艾未未在哪里?Où est Ai Weiwei ? Où est-il retenu ? Où est son nom au Grand Palais ?
Actualité : Le 14 juin, Anish Kapoor a annoncé sa décision d’annuler une exposition de ses œuvres programmée en 2012 au Musée national de Chine à Pékin, pour protester contre la détention de l’artiste Ai Weiwei par les autorités chinoises. Le 17 juin, Daniel Buren a annulé à son tour une exposition personnelle « par solidarité » avec Ai Weiwei. Il devait exposer à l’UCCA (Ullens Center for Contemporary Art) de Pékin à partir du 15 juillet.
Ai Weiwei, Study in Perspective (Place Tiananmen), 1995-2003. (dr)
Jeudi 2 juin 2011, 21h30, Galerie 22,48 m2, rue des Envierges, Paris 20e. C’est, pour Caroline D., sa première exposition personnelle : Falling Pictures , où il est question d’une collection d’« avatars par défaut », d’images fuyant leur navigateur, d’une enquête pleine de coïncidences et de suites sur une photographie prise pour icône, de notre fréquentation d’Internet, donc. Voir son site ici.
Jeudi 2 juin 2011, 20h, Gaîté Lyrique, Paris 3e. En avant-première, le projet open source biologique d’un collectif d’artistes indonésiens.
Partant d’un fait de société, la prohibition de l’alcool en Indonésie et les production frelatées qui en résultent, les membres de HONF se sont intéressés au développement d’une technologie de fermentation stable et libre, qui permettrait une autoproduction saine, à l’aide d’une nouvelle souche de levure et à partir de divers fruits.
Le projet IB:SC («Intelligent Bacteria : Saccharomyces Cerevisiae») est issu d’un programme de recherche arts-sciences entre le médialab HONF de Yogyakarta et des chercheurs de l’université de Gajah Mada (UGM). Explorant les champs de la microbiologie et des biotechnologies, l’enjeu est de jeter des ponts entre les disciplines pratiques et théoriques, et de produire des innovations à partir d’infrastructures génériques et de technologies «abordables», c’est-à-dire des solutions open source. Togar, Timbil et Akbar produisent une nouvelle installation au cours de cette résidence, l’occasion de développer leurs connaissances sur cette levure mais aussi de partager le processus qui aboutira, évidemment, à une dégustation.
http://www.natural-fiber.com/
Dimanche 29 mai 2011, exposition Nature et idéal : Le Paysage à Rome 1600–1650, Carrache, Poussin, Le Lorrain, Galeries nationales du Grand Palais.
Nicolas Poussin, Paysage avec ruines, ca. 1634, 72 x 98 cm, collections du Musée du Prado, Madrid (non exposé dans ce musée). © Musée du Prado, http://www.museodelprado.es/en/the-collection/online-gallery/on-line-gallery/obra/landscape-with-ruins/
Ce paysage allégorique fait allusion à la gloire de la ville de Rome. Au premier plan, devant un sarcophage étrusque symbolisant l’origine de la civilisation romaine, un personnage montre le chemin menant à des bâtiments de style classique dans l’arrière plan.
On sait que le (mot) paysage (occidental) apparaît d’abord en peinture et relativement tard, à la Renaissance. On sait aussi que, dans la peinture chinoise, le paysage (un premier traité en 440 de notre ère) introduit nécessairement des relations dans notre esprit (Augustin Berque). Un cheminement interne lisible, l’inscription mentale dans un trajet comportant des transitions et des points d’arrêt, une succession étagée de couches induisant un mouvement dans la profondeur, sont l’alternative à une vision globale, attachée à un point de vue fixe, perspectiviste. S’il est une construction d’espace-temps, elle relève du récit et non de l’illusion optique et individuelle. Il faut se garder cependant, en matière de topologie du paysage comme en tout domaine, d’un partage trop net entre Orient et Occident. Il existe certainement des commentaires fort documentés sur l’iconographie et sur le style de ce tableau de Poussin, peu connu. N’en disposant pas, je m’intéresse à ce qui se voit directement, à un dispositif qui, précisément, à la manière chinoise, contredit la vue d’ensemble au bénéfice du déplacement par étapes et par points attachés à des monuments (ou indices mémoratifs). Son architecture théâtrale, comme son récit, peuvent l’assimiler à un diorama, à un agencement de plans frontaux radicalement parallèles, autrement dit constitutifs d’un tableau par couches qui engendre un jeu de relations entre le proche et le lointain comme entre le vu et le caché. Pour autant, ce qui s’affiche excelle dans le littéral non mystérieux. Un tel principe permet l’audace d’une représentation lacunaire des monuments « centraux » placés dans une fausse profondeur, sans sacrifier aux effets d’une incertitude brumeuse. Poussin est reconnaissable aussi dans cette façon de traiter, sans hiérarchie de facture ou texture chromatique, le ciel, les arbres, les constructions, les personnages. Il faut enfin remarquer que les personnages du premier plan, peut-être parce qu’ils ne sont que des fantômes de passage et parce qu’ils figurent virtuellement les regardeurs du tableau, sont translucides, laissent passer le chemin à travers eux.
Nicolas Poussin, Paysage avec ruines, détails.
Samedi 28 mai 2011, 15h, Inha, passage Vivienne, Paris 2e. En projet pour être présenté au Temple Daikakuji à Kyoto du 27 juin au 17 juillet 2011 dans l’exposition Out of Space, un « dispositif performatif » pour deux iPad2 qui s’inspire du Sutra du Cœur, dont l’un des exemplaires les plus précieux est conservé dans ce temple. Simulation avec Akiko O. de l’attitude escomptée d’un spectateur « pratiquant » : il porte le iPdad à la hauteur de son visage et lit à haute voix le texte qui alors s’affiche.
L’image du (de la) pratiquant(e), telle qu’elle s’affiche en direct (avec le son de sa voix) sur le iPad placé à l’entrée de la salle.
Voir : « Au Temple Daikakuji de Kyoto », 6 février 2011.